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Les critiques de Bifrost

Sur épreuves

Sur épreuves

Jim C. HINES
L'ATALANTE
384pp - 22,50 €

Bifrost n° 93

Critique parue en janvier 2019 dans Bifrost n° 93

Avertissement traditionnel : si vous n’avez pas lu les deux premiers volumes de cette série (critiqués ici et ), arrêtez-vous là dans cette critique, obtenez ces ouvrages et repassez une fois la lecture terminée.

Les temps sont durs pour Isaac Vainio : Gutenberg lui a retiré ses pouvoirs  ; il se sent coupable de la destruction d’une partie de son quartier et du décès de certains habitants et amis ; Jeneta, une jeune fille aux pouvoirs extraordinaires, a disparu alors qu’elle était sous sa responsabilité. Bref, il est au trente-sixième dessous. L’ennemi n’est pas en pause, au contraire. Des forces terribles rameutent leurs troupes. Et notre bibliomancien est bloqué, impuissant, écarté de l’organisation des Gardiens. La dépression est proche, au grand dam de sa compagne, Lena. Mais Isaac est un battant et quand on lui ferme des portes, il tente de passer par une autre issue. Ou de défoncer l’entrée principale.

Comme le fait remarquer sur son blog Lionel Davoust, son traducteur, Jim C. Hines repart dans Sur épreuves avec les mêmes (bonnes) recettes, la même énergie, la même folie parfois foutraque, les mêmes « jeux référentiels à l’imaginaire », les mêmes « jeux de mots idiots » que pour les deux volumes précédents. Et, autant pour Lecteurs nés, tout cela ronronnait un peu (et inquiétait pour la suite de la série), autant dans ce troisième tome, Jim C. Hines rassure : la dynamique est retrouvée. Le bestiaire est toujours aussi riche : les vampires (dans l’espace, si, si !) côtoient les loups-garous, Méduse combat aux côtés d’un Yeren. Et Meridiana, la puissante magicienne, tout droit venue d’une Renaissance savante et religieuse à la fois, a vraiment l’étoffe d’un méchant de film d’action. Mais surtout, l’amour des livres exsude de chacune des pages de ce roman. Le bonheur de lire, de connaître un livre, de le toucher, de l’utiliser. Et même ceux qui ont abandonné le support papier y trouveront leur compte, puisque la dangereuse et terrifiante adversaire d’Isaac utilise une liseuse pour ses combats.

De plus, dans ce tome, Jim C. Hines fait progresser à grands pas le monde qu’il a imaginé. Si Gutenberg avait voulu garder la magie secrète pour les non-initiés, quitte à tuer, voire massacrer, des dizaines de personnes, l’ampleur des combats et des dégâts collatéraux est désormais trop importante pour la laisser dans l’ombre ou en faire disparaître les traces. Les populations du monde entier vont découvrir l’existence de cette puissance. Et avec elle, des questions épineuses : si la magie existe depuis longtemps, pourquoi ne l’a-t-on pas utilisée pour sauver les blessés graves, pour nourrir les peuples affamés, pour rendre le monde meilleur ? Interrogations très pertinentes et amenées par petites touches, entres les chapitres.

Sur épreuves relance donc l’intérêt pour cette série distrayante, mais pas seulement : entre deux grosses bastons, entre deux blagues plus ou moins efficaces, Jim C. Hines parvient à nous faire réfléchir à notre monde et, surtout, à nos rapports avec le livre.

Raphaël GAUDIN

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