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Les critiques de Bifrost

Sous l'Ombre des Étoiles

Sous l'Ombre des Étoiles

Thomas GEHA
LES MOUTONS ÉLECTRIQUES
256pp - 6,90 €

Bifrost n° 101

Critique parue en janvier 2021 dans Bifrost n° 101

Soldat participant à la guerre qui oppose l’humanité à une race extraterrestre, les Salamandres, Kee Carson ne survit que de justesse à la destruction du navire spatial sur lequel il sert. Placé en stase, il se réveille 250 ans plus tard sur une planète coupée du reste de la galaxie, Seinbeck, alors que la guerre est depuis longtemps terminée. Recueilli par une tribu de nomades, il lui faut désormais s’adapter à cette nouvelle vie et, sans espoir de rentrer chez lui, lui trouver un nouveau sens.

Initialement paru en 2014 chez Rivière Blanche, Sous l’ombre des étoiles s’appuie en premier lieu sur un petit groupe de personnages attachants et sur les liens qu’ils tissent au fil de leur périple. Perdu en terre étrangère, Kee Carson se voit contraint de remettre en cause tout ce qu’il croyait acquis, y compris sa haine viscérale pour les Salamandres, qui cohabitent désormais avec les humains et qu’il lui faut côtoyer au quotidien. Une autre espèce menace à présent les uns et les autres, les Seinbecks, les obligeant à unir leurs forces pour leur faire face. Mais là encore, la haine qui les oppose est-elle inéluctable ?

Sans être particulièrement original, Sous l’ombre des étoiles est un roman fort agréable à lire. S’il manque une pincée d’exotisme dans la description de cette planète, Thomas Geha se montre en revanche particulièrement inspiré lorsqu’il s’agit de décrire le quotidien de ses nomades, mais également leur culture et leurs traditions. Le genre de roman qui, au siècle dernier, aurait sans mal trouvé sa place dans la collection « Anticipation » du Fleuve Noir, et y aurait figuré dans le haut du panier.

Ce récit est suivi d’une novella sans rapport aucun, « Une Île (et quart) sous la lune rouge », pas tout à fait inédite comme l’indique la quatrième de couverture, mais qui n’avait connu jusqu’alors qu’une diffusion très confidentielle, chose d’autant plus regrettable qu’il s’agit de l’un des meilleurs textes de son auteur. Débutant dans un cadre familier, celui d’une petite île bretonne dont la description semble sortir tout droit d’un roman du terroir – un registre dans lequel l’auteur excellait déjà dans son recueil Les Créateurs –, le récit bifurque assez brusquement vers la science-fiction en développant une idée aussi originale qu’étonnante. Une belle manière de détourner les légendes folkloriques vers les rives de la fiction spéculative, qui démontre s’il en était encore besoin que Thomas Geha est un écrivain aux multiples facettes.

Philippe BOULIER

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