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Les critiques de Bifrost

 

«Maman ! Un fou écarte soudain les portes de l'enfer! Avant de percevoir le premier craquement, je vois le grand vaisseau se disloquer et cracher dans toutes les directions des lambeaux de sa carrosserie. Un feu d'artifice de métal argenté ! Et le souffle s'annonce la gifle enflammée nous balaie et nous envoie rouler à une bonne vingtaine de pas. Alors seulement l'explosion retentit ! »

En 1995, la collection « Les Quatre Dimensions » ouvrait une nouvelle voie dans la diffusion de la Science-Fiction : exclusivement diffusés en kiosque, les trois premiers volumes (cycle de Nova Gaia) Island one, Geminga et Les Andros de Miranda (encore disponibles par correspondance), signés du directeur de la collection, Eric Cowez, auguraient d'un genre jusqu'ici profondément délaissé en France, l'aventure tout public combinée à la vulgarisation scientifique. Démarche logique, compte tenu du pedigree de l'auteur-journaliste, passionné d'astronomie et grand dévoreur de bulletins de la NASA. Après quelques mois d'absence, changement de cap avec Salut, Delcano !, cette fois signé de Raymond Milési, un des piliers de la Science-Fiction francophone (édité notamment dans Bifrost 01), où la volonté de clarté scientifique cède totalement à l'aventure, plus vraiment tout public.

Delcano, agent spécial de la Terre, enquête sur un attentat ayant quelque peu refroidi les relations entre La Ligue et le gouvernement terrien, juste sur le point de signer certains accords. Déambulant sur la planète Longuevie, il découvre le cadavre encore chaud d'une péripatéticienne de sa connaissance. Avec le nain Shimro, Delcano décide de débarquer chez Daktar, le chef de la Ligue en personne, au milieu de la nuit — et découvre que la Ligue croit la Terre responsable d’un autre attentat, cette fois dirigé contre famille de Daktar. Immédiatement, Delcano soupçonne une tierce personne de chercher à monter la Ligue contre la Terre…

Raymond Milési nous offre ici un récit à la Harry Harrison façon Le rat en Acier Inox : une intrigue d'espionnage intergalactique, une narration point de vue exclusif de son héros, qui jongle sans arrêt avec le second de et les anachronismes (volontaires !). L'énigme est bien construite — les  détails cruciaux soigneusement camouflés dans les premières pages — mais, conformément au modèle James Bondien, l'univers et les personnages sont évidemment caricaturaux à souhait. La comédie est constamment grivoise et sanglante (parfois jusqu’au meurtre gratuit : un garde qui passe, un malheureux personnage secondaire…) Le procédé tend, en ce qui me concerne, à gommer la véritable émotion. Celle-ci ressurgit cependant dans la chute avec les dernières pages explicant les origines du fameux Delcano.

Pour conclure, Salut, Delcano ! est un bon roman — dans son genre : son public n'étant probablement pas le même que celui des premiers tomes de la collection. Celle-ci a, de toute façon vocation à présenter des genres différents… « Les Quatre Dimensions », par ailleurs, ne ménageant aucun effort pour développer le domaine de la Science-Fiction (présentant même quelques pages d'actualités offertes en prime au lecteur), on peut sans risque affirmer que la collection mérite votre attention.

David SICÉ

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