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Les critiques de Bifrost

Insurrection

Insurrection

Tade THOMPSON
J'AI LU
416pp - 21,00 €

Bifrost n° 96

Critique parue en octobre 2019 dans Bifrost n° 96

Bonne nouvelle : moins de six mois après la parution de l’un des meilleurs romans de l’année, J’ai Lu en publie sa suite, Rosewater : Insurrection. L’action reprend moins d’un an après les événements et les révélations du premier tome (cf. le Bifrost 95), mais du point de vue littéraire, la forme a changé. Exit son narrateur unique, Kaaro, qui, s’il ne disparait pas tout à fait du récit, y tient un rôle secondaire pendant sa majeure partie. À la place, Tade Thompson adopte à tour de rôle le point de vue de différents personnages, dont certains sont déjà connus des lecteurs. Il y a d’abord Aminat, la compagne de Kaaro, chargée par les services secrets nigérians d’évaluer l’ampleur de la contamination des humains par le biodôme alien ; Alyssa, une jeune femme qui se réveille un matin sans aucun souvenir, au côté d’un homme qui prétend être son mari ; Anthony, l’une des incarnations de l’intelligence extraterrestre, qui découvre que sa mission et son existence même sont menacées ; sans oublier Jack Jacques, le maire de Rosewater, dont les manœuvres politiciennes vont précipiter sa ville dans le chaos.

Et effectivement, passés les premiers chapitres qui font le point sur la situation dans ce coin d’Afrique et rappellent l’importance cruciale de ce qui s’y joue, le récit s’embarque très vite dans une course ininterrompue où chaque protagoniste tente de mener à bien ses propres objectifs tout en essayant de survivre aux bombardements massifs, aux émeutes, aux attaques de zombies ou de créatures extraterrestres devenues omniprésentes. Dans ce contexte, les alliances se font et se défont au fil des circonstances, et les retournements de situation se multiplient.

Si Rosewater souffrait parfois d’un trop-plein d’informations et se perdait à l’occasion dans ses incessants allers-retours temporels, son successeur s’avère moins dense et, à quelques exceptions près, abandonne les flashbacks au profit d’un récit plus linéaire. Tade Thompson laisse même de côté des pans entiers de l’univers qu’il a mis en place pour se focaliser sur les seuls éléments qui servent la présente intrigue. Le résultat parait plus maîtrisé, plus efficace également. On y retrouve aussi son goût pour une horreur viscérale, laquelle surgit généralement sans prévenir et sous les formes les plus baroques.

Plus fascinant que jamais, l’univers de Rosewater continue de se révéler comme l’une des œuvres de science-fiction les plus originales et les plus importantes de ces dernières années. On attend avec impatience son ultime volet.

Philippe BOULIER

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