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Les critiques de Bifrost

Point Némo

Point Némo

Philippe TESSIER
LEHA
288pp - 19,00 €

Bifrost n° 106

Critique parue en avril 2022 dans Bifrost n° 106

Vers la fin du millénaire, l’univers du jeu se renouvela, les anciens jeux d’échecs, de go, de cartes, de société et autres trains électriques et petits soldats ne faisant plus recette. Sont alors apparus quasi simultanément jeux de rôles, wargames/jeux de plateau, et jeux vidéo. Un quart de siècle plus tard, ces derniers se taillent la part du lion.

C’est pourtant bien en tant que jeu de rôles que naquit Polaris. Afin d’exploiter le filon au mieux, Philippe Tessier écrivit quelques romans situés dans l’univers de ce jeu qui furent initialement publié chez un éditeur voué à ce registre : Le Khom Heidon. Et à l’existence brève : une vingtaine de livres et un titre de gloire, les débuts de Pierre Pevel sous le pseudonyme de Jacq.

Philippe Tessier, lui, continua d’exploiter Polaris, publiant quand et comme il le put. Polaris : Point Nemo est la dernière production à ce jour issue de cet univers.

Dans un futur lointain, la surface terrestre étant devenue inhabitable, la civilisation s’est réfugiée sous les océans. Après avoir un temps dominé, l’empire global des généticiens finit par s’effondrer et, depuis, diverses puissances de moindre envergure et moins évoluées se livrent à des guerres acharnées sous les eaux, se disputant les rares ressources encore disponibles.

Dans ce monde, Point Nemo est une station sous-marine très isolée, tombant en ruines et sur le point d’être abandonnée par ses derniers résidents qui ont demandé leur évacuation. Sauf que les secours tardent. Et pour cause : le sous-marin parti quérir de l’aide à lui-même fait naufrage. Dans une tentative de la dernière chance, le commandant de la station part à son tour, à pied, sur les fonds marins grouillant de monstres divers et variés. À défaut des secours espérés, il rencontre d’autres naufragés qu’il ramène à la station. Mais ne fait-il pas entrer là le renard dans le poulailler ? Ils ont l’intention d’utiliser la station pour réparer leur propre sous-marin avarié avant de repartir sans accorder l’évacuation promise. Cependant, ils sont eux-mêmes poursuivis par des forces considérables bien décidées à leur mettre le grappin dessus sans laisser de témoins. Quelques deus ex machina plus tard…

Le livre est nanti du désormais sempiternel lexique. Les péripéties ne cessent de s’enchaîner sans temps mort aucun. Ah ! ça ira, ça ira, ça ira, les pirates on les noiera ! La parole est aux flingues, du gros calibre, et les coups de feu tiennent lieu de psychologie. Les personnages ont été grossièrement découpés dans du papier à cigarette par un môme de quatre ans, adroit de ses dix doigts comme un chien de sa queue. Ce qui se comprend. Dans le jeu de rôle, le personnage est nanti de certaines potentialités mais c’est le joueur qui lui insuffle sa personnalité. Or ici, le joueur est absent, et Philippe Tessier ne s’y substitue pas le moins du monde. La partie de jeu, brute de décoffrage.

Notons la belle couverture de Didier Graffet, parce que c’est ce qu’il y a de mieux dans ce bouquin très vite lu et bien plus vite encore oublié.

Jean-Pierre LION

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