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Les critiques de Bifrost

Mauvaise graine

Mauvaise graine

Nicolas JAILLET
LA MANUFACTURE DE LIVRES
344pp -

Bifrost n° 100

Critique parue en octobre 2020 dans Bifrost n° 100

On avait déjà croisé Nicolas Jaillet dans les genres qui nous intéressent en 2010 avec Nous, les maîtres du monde (Après la lune), roman sympathique bien qu’un peu foutraque, mélange de super-héros et d’invasion extraterrestre. Après avoir publié d’autres bouquins (western, roman historique…), il nous revient avec ce Mauvaise graine, qui fait une nouvelle fois la part belle à la fusion des genres. Dans un mélange plutôt détonnant, puisque le bandeau proclame « Quand Bridget Jones rencontre Kill Bill ». Julie, jeune institutrice, célibataire malgré les tentatives de ses amis pour la caser, sent sa vie basculer lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte : elle n’a en effet pas eu de relations sexuelles depuis pas mal de temps ! Or les tests sont formels, et tous cohérents : un fœtus se développe en elle. Passé le premier instant de stupeur, puis la phase d’interrogation (le garder ou pas ?) vient le questionnement : n’a-t-elle vraiment pas couché avec quelqu’un ces derniers mois ? Par exemple lors d’une de ces soirées arrosées où elle s’est pris une cuite mémorable ? Aussi mène-t-elle l’enquête auprès de ses amis, pères potentiels de son futur rejeton (car oui, elle a décidé de le garder). Ce faisant, elle se découvre une forme éblouissante, et à vrai dire inédite chez elle. Mais quand elle réalise qu’elle a également développé une force surhumaine, et que certaines barbouzes paramilitaires sont à sa recherche, la peur gagne : que lui arrive-t-il exactement ?

Ça commence comme Bridget Jones, en effet, avec les interrogations pleines de drôlerie de cette femme qui ne comprend pas ce qui se passe. On est en pleine comédie sentimentale de situation, avec des dialogues savoureux, un rythme enlevé. Puis, peu à peu, la comédie cède la place au thriller ; l’humour ne disparaît jamais, loin de là, c’est même le leitmotiv de cet ouvrage, et parler de Kill Bill pour cette deuxième partie n’est pas totalement infondé. Le quotidien pépère de notre héroïne va se retrouver bousculé, jusqu’à basculer dans l’angoisse quand elle comprend qu’elle est recherchée, que certains de ses amis ne sont pas nécessairement ceux qu’elle croit, et qu’il lui faut quitter ce qu’elle a connu sans retour possible. On alterne ainsi les passages stressants et les éclats de rire, à un rythme soutenu jusqu’à la dernière page. Tout cela n’est pas d’une originalité folle, à vrai dire c’est même plutôt prévisible (la raison de sa grossesse) et parfois téléphoné (la cabane dans les bois), mais le plaisir manifeste de Nicolas Jaillet a la rédaction de son histoire abracadabrantesque s’avère communicatif. Dès lors, parler de page turner n’est pas usurpé, mais pas de la famille de ceux qui vous maintiennent en situation de stress permanent, plutôt de ceux qui vous font partager une tranche de vie avec un personnage central attachant. Sympatoche, une fois de plus.

Bruno PARA

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