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Les critiques de Bifrost

La Soupe aux arlequins

La Soupe aux arlequins

Jean-Philippe DEPOTTE
LES MOUTONS ÉLECTRIQUES
320pp - 18,00 €

Bifrost n° 93

Critique parue en janvier 2019 dans Bifrost n° 93

Dans notre 91e livraison, nous avions évoqué les quatre premiers titres des « Saisons de l’étrange », collection dont l’ambition revendiquée était d’être un « Netflix littéraire orienté pulp et fun  ». En dépit de la bonne intention initiale et des attrayantes couvertures de Melchior Ascaride, le bilan s’avérait plus tiède côté littéraire, avec deux livres médiocres et deux réussis. Quid de la suite ?

Avouons-le : on avait un tantinet perdu de vue Jean-Philippe Depotte. Depuis son Chemin des dieux (2013), en fait (critique inBifrost 71). L’auteur du remarqué Les Démons de Paris revient ici avec une série intitulée «Les Fantômes du Nouveau Siècle », dont le premier tome, La Soupe aux Arlequins, conclut cette première année des « Saisons de l’étrange ». Nous voici en mars 1900, à quelques jours de l’inauguration de l’Exposition Universelle de Paris. Attachante arnaqueuse, la jeune Marie-Antoinette entend bien saisir l’occasion pour profiter de gogos fortunés, type Méliès ou Edison, quitte à employer des moyens détournés — comme passer par le valet pour atteindre le maître. Le valet en question, c’est Léon. Quant à son maître, Picard, il s’agit ni plus ni moins du commissaire général de l’Expo. Lorsque Léon meurt, empoisonné par une soupe que lui a servie Marie-Antoinette – sans que celle-ci ne soit pour rien dans le trépas du pauvre bougre –, la jeune femme va tout faire pour entrer au service de Picard et savoir le fin mot de l’histoire. La voilà bien vite affectée à Sekigawa, un Japonais venu à Paris avec quatre urnes funéraires contenant autant de fantômes. Pourquoi Marie-Antoinette voit-elle justement des spectres ? Serait-ce l’un d’entre eux qui aurait empoisonné sa soupe ? Personnages truculents, reconstitution historique réussie, intrigue rondement menée (en dépit d’un détail essentiel laissant perplexe : les personnages, y compris les étrangers, parlent-ils tous un français sans accent ?), Jean-Philippe Depotte nous offre là une aventure policière sympathique en diable – le point d’orgue de cette première année des « Saisons ». On attend la suite !

La suite, justement : la saison 2 promet huit romans, tant des suites que des textes indépendants, signés d’auteurs confirmés ou en devenir. À voir, donc, en espérant un travail éditorial plus approfondi sur l’ensemble que lors de cette saison inaugurale…

Erwann PERCHOC

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