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Les critiques de Bifrost

La Fiancée du dieu Rat

La Fiancée du dieu Rat

Barbara HAMBLY
LIVRE DE POCHE
480pp - 6,60 €

Bifrost n° 41

Critique parue en janvier 2006 dans Bifrost n° 41

Hollywood, du temps du cinéma muet. Chrysandra Flamande croque la vie à pleines dents ; star capricieuse, éternellement accompagnée de ses trois pékinois, elle enchaîne les films et les conquêtes masculines, à un tel rythme que seuls l'alcool et la drogue lui permettent de tenir. Dans son ombre, sa belle-soeur, Norah Blackstone — veuve depuis que son mari est mort à la guerre —, qu'elle a ramenée de Manchester où elle se morfondait. Hormis les dépendances de Chris, tout pourrait aller bien dans le meilleur des mondes. Malheureusement, une nuit, un jeune cascadeur éphèbe est tué ; son amant, un acteur vieillissant, disparaît. Ce n'est que le point de départ d'un enchaînement de drames, dont l'origine sera peu à peu dévoilée (à ce propos, on ne pourra que regretter le choix du titre, qui donne la clé de l'énigme alors qu'il faut attendre la page 160 du roman pour savoir quelle terrible menace pèse sur les protagonistes).

Ce thriller fantastique, par l'auteur qui nous avait donné Fendragon, superbe fantasy (et quelques novelisations Star Wars, car après tout il faut bien manger…), est marqué du sceau d'un humour omniprésent. Tout en décrivant de manière minutieuse et particulièrement réussie le milieu d'Hollywood dans les années 20 (on y croise Rudolph Valentino, Mary Pickford ou encore D.W. Griffith), Hambly ne se prive pas pour lancer quelques répliques assassines à propos de certains acteurs de l'époque, divas incapables d'être crédibles en tant qu'actrices, ou jeunes premiers au jeu aussi fin que celui d'un éléphant. Ce mélange de nostalgie (car certains prennent leur travail vraiment à coeur) et de sarcasme — cette profonde tendresse pour ses personnages, en somme — contribue à donner du charme au roman dans sa première partie, et heureusement, car le rythme est somme toute assez lent. Mais après tout, à l'époque, on tournait en 16 images par seconde, et non 24… Toujours est-il qu'ensuite le roman s'accélère, à mesure que la menace se fait plus précise. Et si l'on ne frissonne pas vraiment, si le roman ne ménage pas de grande surprise (ceux qu'on identifie comme des gentils au départ sont au final… gentils, idem pour les méchants), on se prend d'amitié pour la plupart des protagonistes, tous crédibles, tous humains, avec leurs failles et leurs espérances. Et l'on referme ce livre avec le sentiment d'avoir lu un ouvrage particulièrement délassant, pas un chef-d'oeuvre, non, mais bien plutôt une réussite mineure.

Bruno PARA

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