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Les critiques de Bifrost

Eclats dormants

Eclats dormants

Alix E. HARROW
HACHETTE
22,00 €

Bifrost n° 111

Critique parue en juillet 2023 dans Bifrost n° 111

Alix E. Harrow est une autrice qui monte. Déjà remarquée dans ces pages avec sa nouvelle « Guide sorcier de l’évasion : atlas pratique des contrées réelles et imaginaires » (in Bifrostn° 99, un texte Prix des lecteurs, et Hugo 2019) ou son roman Les Dix mille portes de January (critique in Bifrost n° 105), elle s’attaque cette fois aux contes, pour ce qui est le premier tome d’une série de « Contes fracturés ». Le volume suivant est d’ailleurs annoncé en fin d’opus.

L’histoire est celle de Zinnia. Elle s’apprête à fêter ses 21 ans, mais, atteinte d’une maladie incurable, elle sait que ses jours sont comptés. Elle va se retrouver projetée dans un univers parallèle, nez-à-nez avec une princesse qui coche toutes les cases du genre – en apparence, du moins. Commence alors une aventure qui va l’amener à s’interroger tant sur le multivers que sur les moyens de s’arracher à son « destin ». Une histoire d’amitié et d’amour, où il s’agira de reprendre le contrôle et de faire ses propres choix.

Alix E. Harrow nous propose un patchwork des différentes versions du conte de la Belle au bois dormant, et, en compagnie de son héroïne, s’amuse avec érudition, ainsi que sur l’aspect méta de son texte. Les clins d’œil et piques envers la fantasyou les contes sont légion. On trouvera aussi des références aux clichés véhiculés sur le Moyen Âge. En creux, l’autrice mord également les mollets du patriarcat. De très beaux passages évoquent la maladie, et la posture des proches, et notamment des parents, dans ces tragiques contextes – l’amour qui enferme et écrase, le vernis à maintenir pour les protéger, etc.

Quelques surprises émaillent aussi la novella, mais la plus importante est la fin. Non pas pour son contenu, mais… pour le moment où elle arrive : page 189 ! Le reste du volume se compose des remerciements, d’une page biographique et du premier chapitre de ses deux premiers romans publiés au sein du « Rayon Imaginaire » – Les Dix mille portes… et Le Temps des sorcières (cf. Bifrostn° 109). L’écrin est hautement travaillé, avec embossage, signet et autre tranche jaspée, ce qui doit justifier le prix. (1)

Alix E. Harrow continue de montrer son amour des livres et la finesse de sa plume dans des histoires de portal fantasy, mais cette livrée est un peu moins enthousiasmante. Mais si ce livre permet au lectorat de découvrir son univers et lui donne envie de s’y plonger, après tout pourquoi pas.

Mathieu MASSON

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