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Les critiques de Bifrost

Dark Net

Benjamin PERCY
SUPER 8
400pp - 21,00 €

Bifrost n° 90

Critique parue en avril 2018 dans Bifrost n° 90

Amis geeks et autres nerds qui connaissaient par cœur ce qu’est le dark net, ce livre est-il pour vous ? Mais commençons par un petit rappel qui ne vous est pas destiné : le dark net, c’est le web que l’on ne fréquente pas mais dont on entend parfois parler pour ses aspects les plus ignobles – il n’est pas question ici de sa nature militante, que ce soit en terme d’accès à l’information ou de lutte pour plus de liberté politique. Nous sommes dans un roman, aussi est-il bien question du web anonyme, celui qui se cache de Google et des gouvernements, celui qui sert de repère aux trafiquants, aux pédophiles et aux terroristes, celui-là et pas un autre. On y trouve de tout. On peut tout y acheter – oui, tout. Ça c’est son côté obscur, menaçant et glauque. Mais l’est-il vraiment ?

Et s’il était utilisé par de vraies forces du mal… ou plutôt du Mal ? Et si, dans les profondeurs de ce web, se cachaient des puissances démoniaques qui ne demandent qu’à triompher enfin de ceux qui luttent désespérément contre elles ? Autrement dit, et si le dark net était vraiment dark ?

Tel est le postulat du roman de Benjamin Percy. Et, ma foi, il n’y aurait pas de quoi dépasser le scénario d’un téléfilm de W9 de deuxième partie de soirée si l’auteur n’avait eu une excellente idée et une très bonne formation. Cette dernière est évidente : le rythme est prenant, l’intrigue vivement menée, l’action sans temps mort. Franchement, c’est du beau travail.

Mais le plus épatant est cette idée toute simple que l’œuvre entière de Stephen King illustre : ce qui tient l’ensemble, ce sont les personnages. Le roman passe ainsi, de chapitre en chapitre, de l’un à l’autre de ses protagonistes, les suivant alors qu’ils approchent chacun à leur façon de la vérité, révélant au passage bien des choses sur qui ils sont : des anti-héros, des déclassés. Nous avons Mike, un ex-évangéliste, Hannah, une enfant aveugle équipée de prothèses qui lui rendent la vue, Lela, une journaliste techno-phobique, et Derek, un hacker activiste. Cette équipe de bras-cassés n’a pas l’héroïsme chevillé au corps, mais ils vont se retrouver ensemble au pire endroit et au pire moment. Que demander de plus ?

L’alliance entre la technologie et le surnaturel, si elle n’est pas nouvelle en soi, trouve ici une plaisante – et souvent sanglante – variation.

Étienne BARILLIER

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