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Les critiques de Bifrost

La Stratégie Ender

La Stratégie Ender

Orson Scott CARD
J'AI LU
380pp - 18,00 €

Bifrost n° 70

Critique parue en avril 2013 dans Bifrost n° 70

Avec la réédition du chef-d’œuvre d’Orson Scott Card La Stratégie Ender (1985, prix Nebula la même année et prix Hugo l’année suivante), « Nouveaux millénaires » confirme la part viable de ses objectifs, qui est de proposer des classiques de la science-fiction dans de nouvelles traductions, éventuellement accompagnées d’inédits et d’éléments critiques.

L’excellence du travail ainsi mené sur Philip K. Dick laissait à penser que la collection avait trouvé son ton, après des débuts sans véritable direction qui donnaient l’impression d’une foire à la farfouille. Outre son intérêt en soi, La Stratégie Ender se devait d’être remis sous les feux de l’actualité avec la sortie fin 2013 de son adaptation au cinéma par Gavin Hood.

Bien. Cela étant dit, rappeler en quoi consiste l’histoire d’Ender est aussi exaltant pour un critique de science-fiction que, pour un historien du cinéma, de pitcher Autant en emporte le vent ou, pour un lecteur de romans policiers, d’expliquer qui est Sherlock Holmes. Nous dirons pour reprendre des chemins tout tracés que le roman figure dans le panthéon guerrier de la veine militariste, dont le spectre idéologique est très large, au côté de pièces majeures qui comptent le cycle « Berserker » (Mazer Rackham et la bataille de la ceinture chez Card doivent beaucoup à la bataille de « L’Essaim de pierre » de Fred Saberhagen), Starship Troopers (que l’on préférera au titre emprunté à Guy Béart) de Robert Heinlein ou La Guerre éternelle de Joe Haldeman. A quoi l’on ajoutera la seconde vague de choc avec par exemple Le Vieil homme et la guerre de John Scalzi et, pourquoi pas, le cycle « Hunger Games » puisque Suzanne Collins expose elle aussi une objectalisation de l’enfance en vue d’un usage combattant aussi bien que politique. Cela pour le contexte en amont et en aval qui justifie donc, si besoin était, la reprise chez J’ai lu.

Tout serait alors bel et bon et l’on saluerait un certain dépoussiérage linguistique privilégiant des termes comme « réseaux » et « joueurs », rattrapant ainsi le fait avéré que Card anticipait dès le milieu des années 80 les modifications en profondeur des comportements sociaux s’il n’y avait… vingt-cinq coquilles et fautes de syntaxe sur trois cent quatre-vingts pages. 25 sur 380 !

Il n’y a plus de correcteurs chez « Nouveaux millénaires » ? Que fait l’hégémon de chez J’ai Lu à part attendre que se pointe l’Andrew Wiggin de la relecture ? On déconseillera donc vivement l’achat de l’ouvrage puisqu’à l’évidence, aucun frais de suivi du texte n’a été engagé. Mais comme je ne suis pas chien, mon exemplaire annoté est à disposition. Non, non, laissez, ça me fait plaisir. 

Xavier MAUMÉJEAN

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