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Les critiques de Bifrost

Les Naufragés de Velloa

Les Naufragés de Velloa

Romain BENASSAYA
CRITIC
468pp - 25,00 €

Bifrost n° 95

Critique parue en juillet 2019 dans Bifrost n° 95

La Terre est devenue un monde hostile et dangereux. Les hommes ont colonisé Mars et Vénus, planètes désormais rivales luttant pour la suprématie. Si les habitants de ces deux mondes connaissent le confort d’une technologie avancée, il va autrement pour les milliards de réfugiés terriens, parqués dans des bases ou des stations condamnées à long terme, sur Europe ou Encélade, par exemple, le plus loin possible, en tout cas, de ces deux Edens aux frontières closes. Un statu quo bientôt remis en question lorsque Mark, agent martien en mission sur Mercure, comprend qu’un vaisseau de réfugiés pourrait bien avoir rejoint une étoile située à une vingtaine d’années-lumière de manière… instantanée. Une découverte sensationnelle à même d’offrir la victoire à l’un des camps. Sauf qu’isolément, Vénusiens et Martiens n’ont pas la technologie pour atteindre Sigma Draconis. Aussi décident-ils d’une mission commune, avec pour but de s’approprier cette fabuleuse découverte au détriment de son adversaire…

Romain Benassaya ancre une nouvelle fois son roman dans un futur où l’humanité n’a pas su protéger son berceau, le transformant en dépotoir mortel. Une nouvelle fois, un contact est établi avec une (ou plusieurs) race extraterrestre aux pouvoirs supérieurs et aux intentions inconnues. Toutefois, à la différence de Pyramides, où le mystère reste entier jusqu’à l’ultime page, on en apprend ici beaucoup sur les créatures venues d’un autre coin de l’univers. Sur leur identité et sur leurs buts. Dans ce récit, quand bien même l’auteur maintient le suspense jusqu’au bout, l’intérêt est plutôt dans le rapport de force entre les nombreuses factions en présence. Car les envoyés de notre Système solaire vont rencontrer une civilisation établie sur Velloa, une planète orbitant autour de Sigma Draconis — là où se sont réfugiés les naufragés de l’Embrun 17, le vaisseau miraculeusement déplacé. Avec à la clé de nombreuses interactions, de nombreuses alliances, de nombreuses haines. Dans un enchevêtrement un brin schématique, certes, mais dans l’ensemble plutôt maîtrisé.

Voilà donc un roman de pur divertissement, dans la stricte tradition de ce que pouvait nous proposer le Fleuve Noir période « Anticipation » : combats, rebondissements, trahisons. Avec en plus un brin de dimension sociale qui fait écho au présent — on pense ici au Issa Elohim de Laurent Kloetzer (le Bélial’), même si l’approche s’avère bien différente. Sans oublier de payer son écot aux préoccupations écologiques du moment… Et une lecture agréable, finalement, pas si superficielle, plutôt bien charpentée et libérée de certains des défauts qui encombraient Pyramides. Plutôt encourageant pour la suite, en somme.

Raphaël GAUDIN

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