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Les critiques de Bifrost

La Messagère du ciel

La Messagère du ciel

Lionel DAVOUST
CRITIC
688pp - 25,00 €

Bifrost n° 88

Critique parue en octobre 2017 dans Bifrost n° 88

Né en 1978, Lionel Davoust, biologiste marin de formation, s’est reconverti dans la traduction et l’écriture. Ancien critique et rédacteur en chef de revue, anthologiste, auteur de fantasy et de thriller, il a plus d’une trentaine de nouvelles à son actif. La Messagère du ciel, son huitième roman, est le premier tome d’une trilogie, « Les Dieux sauvages », dont les opus suivants se nommeront La Fureur de la terre (edit : Le Verrou du fleuve) et L’Héritage de l’empire. Toute l’œuvre fantasy de l’écrivain s’inscrit dans un unique monde : Évanégyre. Chaque roman se situe à une époque différente et peut donc se lire indépendamment des autres. La Messagère du ciel nous projette presque deux siècles après l’effondrement de l’empire d’Asrethia, une chute brutale sous forme d’apocalypse. Depuis, les anomalies, séquelles de cataclysmes magiques issues de la technomagie d’Asrethia, se multiplient dans les zones instables progressivement abandonnées par les hommes. Dans ce contexte, Mériane, trappeuse, s’est exilée en forêt après la mort sur le bûcher d’une guérisseuse accusée de sorcellerie. Le dieu Wer la désigne pour être son Héraut et défaire les armées de son rival, Aska, dont le champion Ganner est capable de relever les morts. Dans une société où les femmes portent le poids du péché originel – l’une d’entre elles, Mordranthia, aurait, dans un lointain passé, corrompu l’Âge d’or et déclenché l’ire des dieux –, il n’est guère possible qu’une femme puisse être choisie pour porter la parole de l’un d’entre eux…

Premier volet qui pose les enjeux et les personnages, La Messagère du ciel répond aux codes classiques de la fantasy épique anglo-saxonne. Il s’ouvre sur une carte des lieux, multiplie les intrigues politiques et religieuses, met en scène de nombreux personnages, et offre des batailles de grande ampleur. Pourtant, il se démarque des autres productions du genre par une caractérisation approfondie des protagonistes, mêmes secondaires, des dialogues incisifs, une ambiance post-apocalyptique avec une société technologiquement avancée qui aurait régressé vers un Moyen Âge féodal obscur, et des dieux qui pourraient très bien ne pas en être. Mériane fait preuve d’insolence, d’insubordination et, à sa façon, incarne une forme de modernité en refusant les diktats ambiants. Son caractère et son sens de la répartie mettent Wer quelque peu en difficulté. Ce dernier subit aussi les affres de son clergé, incapable de remettre le dogme en question, pour suivre la voie ouverte par la porteuse de sa parole. La Messagère du ciel est un roman choral à la narration plurielle placé sous l’influence de l’histoire de Jeanne d’Arc et de George R. R. Martin. Dans ce tome initial, Lionel Davoust entrelace avec maîtrise les arcs narratifs et pose les enjeux d’une guerre d’envergure à venir. On sera au rendez-vous pour les suites des aventures de Mériane.

Karine GOBLED

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