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Les critiques de Bifrost

L'Homme qui s'est retrouvé

L'Homme qui s'est retrouvé

Henri DUVERNOIS
L'ARBRE VENGEUR
228pp - 13,00 €

Bifrost n° 58

Critique parue en avril 2010 dans Bifrost n° 58

Henri Duvernois (de son vrai nom Henri Simon Schwabacher) est un écrivain français né en 1875 et mort en 1937. Tour à tour romancier, dramaturge et scénariste, il rencontre le succès à partir de 1908. Pierre Versins et sa fameuse encyclopédie lui attribuent seulement deux textes conjecturaux : Les Voyages de monsieur Pimperneau (1927) et L'Homme qui s'est retrouvé (1936), dont il est question ici.

Maxime-Félix Portereau est en 1932 âgé de 46 ans, nanti d'une bonne situation mais légèrement blasé de la vie. Aussi, lorsqu'il rencontre Lucien Varvouste, jeune ingénieur qui « a résolu le problème de l'énergie intra-atomique », non seulement il le finance, mais il décide en outre de devenir son cobaye. En jeu : une expédition vers Proxima Centauri, ni plus ni moins. Les deux hommes se lancent dans l'aventure, et Portereau se retrouve alors projeté… dans le passé, en 1896. Dès lors il n'a qu'une seule idée en tête : retrouver sa famille, lui-même à 20 ans, et les accompagner grâce à l'argent qu'il ne manquera pas de gagner, puisqu'il connaît le futur…

Bien évidemment, on se gardera d'envisager qu'il puisse y avoir ici le moindre début d'un commencement de vraisemblance scientifique. Le propos est ailleurs : montrer un homme plongé dans un monde qui n'est pas le sien, et voir ses tentatives pour façonner le futur à sa façon. Trame classique, mais que Duvernois a su enrichir par le relatif insuccès des manigances de Portereau : en effet, sa famille se méfie grandement de cet excentrique oncle d'Amérique, riche et désintéressé. Mais aussi envahissant, notamment lorsqu'il se met en tête d'ouvrir les yeux de son moi rajeuni pour lui éviter les erreurs de la/sa jeunesse. Avec au final un constat inéluctable : le futur, en grande partie, se construira indépendamment de lui. En dépit de l'humour omniprésent, qui rend très plaisante la lecture de ce roman assez court (200 pages d'un style impeccable), c'est assurément vers un drame individuel que l'on se dirige ici.

On saura ainsi gré à l'Arbre Vengeur, comme souvent, d'avoir exhumé cet ouvrage depuis longtemps introuvable : même s'il n'était pas un auteur de romans de science-fiction, Henri Duvernois n'a pas à rougir de cet Homme qui s'était retrouvé, qui en manie les concepts avec élégance.

Bruno PARA

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