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Les critiques de Bifrost

L'Étrange affaire de Spring Heeled Jack

L'Étrange affaire de Spring Heeled Jack

Mark HODDER
BRAGELONNE
504pp - 28,00 €

Bifrost n° 71

Critique parue en juillet 2013 dans Bifrost n° 71

Quarante ans après Philip José Farmer et son « Monde du Fleuve », Mark Hodder ressuscite à son tour Sir Richard Francis Burton, et lui confie les rênes de son premier roman, L’Etrange affaire de Spring Heeled Jack. Le fameux explorateur, devenu pour l’occasion agent de la Couronne, y partage la vedette avec Algernon Charles Swinburne, poète méconnu de ce côté-ci de la Manche, libertin, adepte de Sade et enquêteur du surnaturel à ses nombreuses heures perdues.

Nous sommes à Londres, en 1861, dans une Angleterre qui aurait dû être victorienne si la jeune reine n’avait pas été assassinée vingt ans plus tôt. C’est dans ce meurtre que le roman trouve ses origines steampunk : grand-bis à vapeur, hélicoptères fonctionnant au charbon, chiens ou perroquets génétiquement modifiés pour servir de coursiers, Mark Hodder reste relativement sage dans ses inventions, jamais envahissantes, la plupart d’entre elles ne servant qu’aux transports ou aux communications. Pour le reste, cette Angleterre du XIXe n’est pas très différente de la nôtre, surtout lorsque le romancier met en scène les quartiers les plus sordides de la capitale, où se déroule une bonne partie de cette histoire. On y croise également nombre de visages célèbres, de Gustave Doré à Oscar Wilde, parfois dans des rôles assez surprenants.

Burton et Swinburne sont amenés à enquêter sur une série de phénomènes étranges plus ou moins liés entre eux : des enlèvements d’enfants, des agressions de jeunes filles, des attaques de loups-garous dans les rues de Londres, et l’apparition répétée d’une figure du folklore britannique. Les investigations de nos deux héros vont rythmer le récit durant cinq cents pages, avec plus ou moins de bonheur. Les péripéties et les coups de théâtre ne manquent pas, mais Mark Hodder aurait pu élaguer son roman d’un bon quart, épargnant ainsi au lecteur nombre de redites et de longueurs superflues.

Le roman doit l’essentiel de son originalité au personnage de Spring Heeled Jack et à son parcours chaotique. Mark Hodder sort pour l’occasion des canons habituels du steampunk et son histoire bascule alors dans un autre registre, plus inattendu — même si on devine assez rapidement le mystère qui entoure chacune de ses apparitions. Et là encore, on ne peut que regretter que la partie du roman qui lui est consacrée manque cruellement de concision.

L’Etrange affaire… est un récit d’aventures rythmé non dénué d’humour qui devrait vous offrir quelques heures d’agréable lecture. A moins que, si le temps le permet, vous préfériez boire des coups en terrasse, manière tout aussi plaisante de perdre son temps.

Philippe BOULIER

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