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Les critiques de Bifrost

Le Sabre de Sang

Le Sabre de Sang

Thomas GEHA
CRITIC
248pp - 19,00 €

Bifrost n° 58

Critique parue en avril 2010 dans Bifrost n° 58

Derrière le pseudonyme de Tomas Geha se cache l'excellent libraire Xavier Dollo, auteur d'une vingtaine de nouvelles publiées dans des supports souvent confidentiels et de deux (courts et sympathiques) romans post-apocalyptiques (tous deux hommages à l'œuvre de Gilles Thomas/Julia Verlanger) : A comme Alone et Alone contre Alone, chez Rivière Blanche. Un jeune auteur/libraire attaché aux littératures de genre, donc attachant, et qui, par ailleurs, tient un blog décapant < http://kanux.canalblog.com/ >. Bref, un sympathique garçon que l'équipe de Bifrost suit maintenant depuis quelques années, dans l'attente d'un grand texte… ce que n'est pas Le Sabre de sang, remix sans prétention (toujours ça de pris) du Conan de John Milius et de la saga « Vlad Taltos » de Steven Brust (chez Folio « SF »), saupoudré en début de parcours d'un zeste de Spartacus/Gladiator.

Ecrit un peu à hache (enfin, au sabre ensanglanté), ce petit roman de fantasy populaire rédigé à la première personne manque pour le moins de cohérence stylistique (expressions modernes parachutées, beurk ; profusion de verbes être, re-beurk ; phrases lourdingues, et, cerise sur le gâteau, quelques formes passives particulièrement douloureuses, re-re-beurk). Sans parler des descriptions bancales : ail ail ail, Puerto Rico !

Tout cela n'empêche toutefois pas le lecteur amateur de fantasy musclée de prendre beaucoup de plaisir à suivre les aventures de Tiric Sherna, cartar (chef de guerre ?) vaincu par les Qivhviens (une société matriarcale de gros lézards doués de la parole). Réduit en esclavage (on se croirait chez David Eddings), puis vendu pour devenir gladiateur, Tiric s'en sort plutôt bien jusqu'à ce qu'on lui impose d'affronter son meilleur ami. Ce qu'il refuse. Alors les deux hommes se voient contraints par l'impératrice de rejouer plus ou moins la chute de Carthage (cf. l'épisode « The Barbarian Horde », dans le Gladiator de Ridley Scott), ce qui équivaut ici à affronter dix guerriers et trois araignées de la taille de quads.

Evidemment, on a déjà lu ça cent fois, mais un sens certain de l'aventure, une accumulation de petits détails vanciens, sans parler du rythme endiablé, rendent l'entreprise pour le moins sympathique (vivement la suite !).

On regrettera toutefois une mise en pages manquant de professionnalisme, aux alinéas trop grands et à la présentation des dialogues parfois hasardeuse (une belle maquette intérieure aurait plaidé en faveur de l'achat de ce titre qui se lit en deux heures, top chrono). À cinq euros en poche chez Milady, le livre aurait fait office d'« excellent divertissement », à dix-huit on hésite et ça peut se comprendre.

Bon, cher Thomas Geha, fini de plaisanter, on en a marre d'attendre votre grand livre (sans doute bien plus à votre portée que vous voulez le croire)…

Thomas DAY

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