Connexion

Les critiques de Bifrost

La Prophétie de l'Arbre

La Prophétie de l'Arbre

Christophe MISRAKI
FLEUVE NOIR
608pp - 22,90 €

Bifrost n° 103

Critique parue en juillet 2021 dans Bifrost n° 103

Bienvenue dans les Sept Provinces. Nous sommes en 1422, quelques centaines d’années après le Conflit qui a déchiré le monde. Depuis, pour rétablir la paix, l’Entité, un être extraordinaire venu d’ailleurs et dont on ignore presque tout, a choisi d’habiter une partie de l’esprit des sept dirigeants, se transmettant de pères en fils sur des générations. Jusqu’à aujourd’hui, dans le Comté d’Erceph, où faute de descendant masculin, l’Entité va être transférée à une femme. Et ce, en dépit des prophéties qui annoncent le pire pour les hommes si tel événement arrive. Les différentes factions, populations et races qui agissent secrètement derrière le pouvoir en place luttent chacune dans une direction qui leur est favorable autour de cet événement annoncé. Le roman débute ainsi sur une tragédie, le meurtre de la future porteuse d’Entité : Sarah, assassinée au cours d’une prétendue mission de routine. Mais la véritable histoire, celle qui annonce bien des secrets, s’ouvre sur le vol du cœur de Sarah, alors que sa dépouille n’a pas encore eu le temps de refroidir, et que sa famille, dont sa jeune sœur, appelée à prendre le relais en tant que future Suzeraine, verse encore des larmes de colère et de vengeance. Car les enjeux autour de la transmission de l’Entité sont bien plus grands que tout ce que l’humanité pourrait concevoir…

Voici un récit de fantasy intéressant, parsemé d’un soupçon de SF (qui sont ces êtres qu’on devine en arrière-plan, dans des mondes et dimensions parallèles ? Ou venus d’ailleurs ?). L’ensemble est assez complexe, plutôt dense, même, avec un grand nombre de personnages et de péripéties, qui peuvent faire perdre le fil de la lecture, la focalisation n’étant pas toujours évidente. La mise en place est un peu longue, par souci, on le devine, de bien informer. Reste que ce partage zélé du détail entraîne malheureusement parfois l’effet contraire, et peut avoir tendance à éloigner le lecteur, un peu paumé, et l’écarter des personnages au demeurant touchants dans leurs pertes de repères et leurs troubles à positionner leurs petites vies, si insignifiantes, au sein d’un projet qui les dépasse, eux, et l’humanité tout entière. L’intrigue politique mérite, elle, qu’on l’explore. L’aperçu de ce tome introductif laisse deviner un univers plus troublé encore sous quelques voiles opaques, et c’est peut-être là le vrai point fort de ce premier roman : l’absence de manichéisme évident, chaque groupe représenté ayant des intérêts tout à fait défendables dans l’immense partie qui se joue. Et qui se redynamise en s’ouvrant sur un dernier tiers pour le moins déroutant qui laisse traîner une certaine curiosité pour le déroulement de la suite de l’aventure. Une lecture plaisante, donc, malgré sa longueur foisonnante et obscure, qui on l’espère s’éclaircira dans le prochain opus.

Maëlle ALAN

Ça vient de paraître

La Maison des Soleils

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 114
PayPlug