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La Conquête de la Sphère

Après deux premiers tomes parfaitement réussis, on attendait de voir comment Johan Heliot allait conclure sa trilogie «  Grand Siècle » et sceller le destin de Louis XIV, de l’intelligence artificielle d’origine extraterrestre qui a pris possession de son esprit, et de la famille Caron.

Pour ces derniers, la situation n’a jamais été aussi calamiteuse que lorsque s’ouvre La Conquête de la Sphère : Jeanne et Pierre ont dû fuir la France et vivent chichement en Bohème, Estienne est enfermé à la Bastille et Marie, ne pouvant subvenir aux besoins matériels de sa fille, s’est résignée à la confier à la Marquise de Sévigné. Seul Martin, à bord du Soleil, le vaisseau spatial qui s’apprête à quitter l’orbite terrestre en direction de Mars, semble échapper à la malédiction qui frappe sa famille. Jusqu’à ce que, dans un accès de colère, il tue un sous-officier et soit envoyé dans les soutes du navire !

Pendant ce temps, alors que les progrès technologiques ont transformé en profondeur le royaume de France, le XVIIe siècle semble devoir s’achever dans un déferlement de violence. L’armée menée par le frère de Louis XIV multiplie les massacres des populations conquises, au moment où une coalition menée par le pape s’apprête à lui faire face. Et à Paris, la situation se tend à mesure que les effets de la guerre se font ressentir chaque jour davantage.

Johan Heliot continue de dérouler son uchronie avec la même aisance et réécrit l’Histoire avec jubilation, tout en veillant à rester dans les limites de la vraisemblance. Il use à l’occasion de quelques hasards bien pratiques pour placer ses héros en position d’acteurs ou de témoins privilégiés des événements en cours, mais le récit n’en souffre pas.

La partie la plus originale du roman concerne le voyage du Soleil vers Mars, raconté du point de vue de personnages incapables d’appréhender pleinement leur situation. L’occasion surtout pour l’auteur de signer un proto space opera aussi improbable et haut en couleurs que réjouissant, qui aborde avec délectation toutes les figures imposées du genre. De quoi finir de nous convaincre de ranger «  Grand Siècle » parmi les meilleures œuvres de son auteur, juste à côté de la « Trilogie de la Lune  »

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