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Les critiques de Bifrost

La Chose venue des étoiles

La Chose venue des étoiles

Robert BLOCH
MNÉMOS
432pp - 22,00 €

Bifrost n° 104

Critique parue en octobre 2021 dans Bifrost n° 104

Robert Bloch fut l’un des plus fervents admirateurs de H.P. Lovecraft. Il lui écrit pour la première fois en 1933 alors qu’il n’a que quinze ans et leur correspondance se poursuit pendant quatre ans jusqu’à la mort de l’écrivain de Providence. Bloch est connu du grand public pour ses romans policiers, avec notamment Psychose (1959), adapté au cinéma par Alfred Hitchcock en 1960, puis Gus Van Sant en 1998. Mais c’est sous l’influence et les conseils de Lovecraft qu’il débute sa carrière en publiant ses premières nouvelles dans la revue Weird Tales dès 1935. Les éditions Mnémos consacrent le recueil La Chose venue des étoiles à ces textes lovecraftiens. L’ouvrage est publié sous la direction de Patrick Mallet et reprend en grande majorité les traductions de Philippe Poirier (Les Mystères du ver, Oriflam, coll. « Nocturnes », 1998). Les vingt-quatre nouvelles présentées ont été écrites entre 1935 et 1961. Patrick Maillet a révisé l’ensemble des traductions et y ajoute trois inédits : « La Mort est un éléphant », « L’Île Noire » et « Philtre d’amour ». Certains textes sont bien connus, parfois sous d’autres noms, comme la nouvelle éponyme « La Chose venue des étoiles », précédemment publiée sous le titre « Le Visiteur des étoiles », « Le Tueur stellaire », « Le Rôdeur des étoiles » ou encore « Le Démon venu des étoiles ». Voilà qui n’aide pas les bibliographes. Le recueil organise les nouvelles en trois parties : les collaborations avec Lovecraft (trois nouvelles), le cycle égyptien (sept) et les récits du mythe (les autres). Seul « Les Serviteurs de Satan » a réellement bénéficié de la collaboration de Lovecraft, et le texte est accompagné d’une introduction de Robert Bloch qui détaille les interventions du maître. Le reste relève de l’influence, qui pour certains textes se montre écrasante, tandis que pour d’autres (« La Crique de la terreur », « L’Île noire » et « Philtre d’amour »), on s’interroge sur leur présence dans ce recueil tant ils sont éloignés du sujet.

Dans l’ensemble, il faut bien avouer qu’on peine à être ébloui par la plume du jeune Bloch, qui se tient loin des fulgurances stylistiques de son modèle. L’intérêt du recueil repose essentiellement sur l’association des textes au nom de Lovecraft et sur les apports de Bloch au mythe. « La Chose venue des étoiles » doit sa renommée au fait que Bloch y tue Lovecraft. Celui-ci lui a rendu la monnaie de sa pièce dans la nouvelle « Celui qui hantait les ténèbres », qui réserve un sort funeste à un certain Robert Blake. Bloch récidive alors dans « L’Obscur ». C’est dans la partie qui regroupe les récits se rapportant mythe que les amateurs trouveront le plus de matière. On y lit les textes dans lesquels Bloch a introduit ses plus célèbres créations : le De Vermis Mysteriis, ou les Mystères du Ver, et Le Culte des goules du comte d’Erlette. On y croise de nombreuses références au mythe à travers des mentions au Necronomicon et à des créatures inventées par Lovecraft ou d’autres. Ainsi, on lira La Chose venue des étoiles pour Lovecraft plus que pour Robert Bloch.

FEYD RAUTHA

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