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L’Œuf du Dragon

En 1980, Robert L. Forward publie Dragon’s Egg, roman de hard SF dans lequel il imagine une vie sur une étoile à neutrons. Publié en France en 1984 dans la prestigieuse collection « Ailleurs & demain » des éditions Robert Laffont, puis au Livre de Poche, il n’était depuis longtemps plus disponible que sur le seul marché de l’occasion. C’est donc tout naturellement que les éditions Mnémos ont intégré ce récit indispensable dans leur récente collection « Stellaire » (qui compte aussi Superluminal, de Vonda McIntyre), dans une traduction revue par l’un des directeurs de ladite collection, Olivier Bérenval, par ailleurs auteur chez… Mnémos. À l’occasion, quelques dates ont été modifiées pour conserver l’aspect « futuriste » de l’aventure. L’auteur, scientifique éminent, nous offre l’histoire d’une évolution. De la naissance de la vie à l’irruption de l’intelligence, puis à la création d’une civilisation à même de rivaliser avec la civilisation humaine en matière de connaissances. Malgré la densité extrême de leur étoile, les Cheelas parviennent donc à la vie. À quoi ressemblent-ils ? À de petites crêpes aux multiples yeux, capables de créer des bras cristallins afin de tenir des objets. Ils sont tributaires du champ magnétique extrêmement puissant de l’étoile pour se déplacer : la direction est-ouest est facile, car elle suit les courants principaux, alors que nord et sud représentent des directions difficiles, demandant bien plus d’efforts. Grâce à des inventions ingénieuses, leur civilisation va progresser par bonds, jusqu’à remarquer et comprendre l’arrivée des humains.

En effet, une expédition est lancée depuis la Terre pour aller observer de plus près cette étoile, occasion unique. La rencontre aura lieu entre les deux civilisations. Car pour les Cheelas, le temps passe beaucoup plus vite que pour les humains : un million de fois plus vite en moyenne ! Entre le départ de l’expédition et son retour, les Cheelas ont ainsi évolué de façon extraordinaire, à toute vitesse pour des yeux humains. Tout comme le temps passe vite pour le lecteur, tant Robert L. Forward sait peindre avec talent les bégaiements, les errances et les réussites de ces êtres. On s’y attache vite, à ces Cheelas, quand bien même ils n’ont pas grand-chose pour eux. Terriblement différents de nous, tant par le physique que par les coutumes, ils passionnent cependant par leurs tribulations. Et tout cela demeure des plus vraisemblable, tant les bases scientifiques sont solides. Sans pour autant s’exposer en permanence, cette hard SF est tout à fait abordable. Seul le cahier scientifique, ajouté par l’écrivain en fin de volume, peut s’avérer un peu plus ardu sans un bagage scientifique un brin conséquent.

Cette nouvelle publication de L’Œuf du dragon est une belle initiative : madeleine de Proust pour de nombreux lecteurs qui en gardent encore un souvenir ému, mais aussi porte ouverte vers un ailleurs merveilleux et fascinant pour de nouveaux, et, souhaitons-le, nombreux nouveaux lecteurs.

L'Œuf du dragon

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