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Les critiques de Bifrost

L'Enterrement des étoiles

L'Enterrement des étoiles

Christophe GUILLEMAIN
MNÉMOS
320pp - 20,00 €

Bifrost n° 106

Critique parue en avril 2022 dans Bifrost n° 106

Les éditions Mnémos se font fort de bichonner leurs primo-romanciers et de dénicher des textes à l’atmosphère rare et à la plume singulière. L’Enterrement des étoiles est conforme à cette ambition : un titre poétique et une incroyable illustration de couverture signée Felix Abel Klaer.

Christophe Guillemain propose ici un récit de fantasy plutôt sombre et présente un univers à la cosmogonie soigneusement élaborée. Les étoiles n’illuminent plus le ciel nocturne de ce monde à l’agonie, même la Lune et le Soleil ont perdu de leur éclat. Dans cette ambiance de fin des temps, seul le sentiment religieux parvient encore à maintenir un semblant d’ordre au sein des populations désœuvrées. Tout est ainsi réuni pour mettre en scène un thème récurrent au genre, celui de la prophétie. D’où la crainte d’une certaine redondance, mais Christophe Guillemain s’en joue allègrement. Car si tout semble avoir été orchestré par avance, l’auteur ne tranche jamais réellement les questionnements de ces personnages sur le caractère irrésistible de ce qui leur arrive. Le mystère est par ailleurs bien aménagé par la répartition de la narration entre les différents protagonistes, dont les parcours convergent vers le théâtre d’évènements décisifs censé leur apporter des réponses. Ainsi l’auteur propose une trame sans ambition démesurée, mais tout à fait efficace : chaque étape apporte au lecteur une pièce supplémentaire de l’ensemble, et le fait cheminer sans encombre vers son dénouement.

On regrettera une certaine faiblesse dans l’écriture des personnages, défaut que l’auteur doit en partie à la volonté d’en mettre plusieurs sur le même plan. Un choix défendable, si l’on estime que ce que Christophe Guillemain perd en empathie pour ses protagonistes, il le gagne en équilibre dans le développement de l’intrigue, au sein de laquelle tous ont un rôle décisif à jouer. Et force est d’admettre qu’il tire pleinement partie de ce dernier aspect en faisant valoir et se confronter des points de vue fort différents, sans être nécessairement concurrents. Guillemain délaisse donc la sempiternelle dichotomie opposant gentils et méchants pour exposer les divers intérêts que chacun s’évertue à défendre.

Le final, fidèle au souci d’efficacité, apporte toutes les réponses aux questions posées. L’Enterrement des étoiles fait ainsi partie de ces récits au terme desquels aucun mystère majeur ne demeure. D’aucuns, amateurs de la sensation de ne faire qu’effleurer quelque chose de beaucoup plus grand que ce qu’on leur donne à voir, resteront sur leur faim ; d’autres apprécieront au contraire le voyage pour ce qu’il est, une lecture sans prétention mais à l’atmosphère tout à fait unique qui mérite que l’on s’y attarde.

Camille VINAU

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