Connexion

Les critiques de Bifrost

Dans les profondeurs du temps

Dans les profondeurs du temps

Adrian TCHAIKOVSKY
DENOËL
24,00 €

Bifrost n° 104

Critique parue en octobre 2021 dans Bifrost n° 104

Le lectorat français a pu découvrir Adrian Tchaikovsky en 2018 avec Dans la toile du temps (cf. la critique de Bruno Para dans Bifrost n° 91), excellent space opera qui racontait en parallèle la fuite de colons humains à la recherche d’une planète plus accueillante que la leur, et le développement d’une civilisation arachnéenne extraterrestre. L’auteur donne aujourd’hui une suite à ce premier tome, semblable par certains aspects, mais dans laquelle il se montre plus ambitieux encore.

Dans les profondeurs du temps suit deux trames temporelles se déroulant à plusieurs millénaires d’intervalle. Dans la première, un vaisseau terrien découvre que la planète qu’il est chargé de terraformer abrite déjà une forme de vie inconnue. Il est alors décidé qu’il mènera à bien sa mission sur un monde de glace voisin, tandis qu’une équipe scientifique ira étudier ce biotope étranger. Dans la seconde, un groupe d’exploration composé d’araignées et d’Humains atteint à son tour ce système solaire, et y reçoit un accueil peu amical.

On pouvait reprocher à Dans la Toile du temps un certain déséquilibre entre ses deux intrigues principales, l’évolution de sa société d’araignées génétiquement modifiées s’avérant bien plus intéressante que le sort des colons coincés dans leur vaisseau. Ici, les deux parties se révèlent aussi passionnantes l’une que l’autre et s’enchaînent également de manière beaucoup plus fluide. Ainsi, l’origine des multiples menaces et mystères auxquels doit faire face la coalition Humains/arachnides se dévoile de façon progressive et naturelle au fil des flashbacks. Par ailleurs, Tchaikovsky se montre tout aussi inspiré lorsqu’il s’agit de donner à voir l’évolution de son univers et de ses créatures sur un temps long que pour mettre en scène des séquences d’action spectaculaires menées à un rythme d’enfer. Cerise sur le gâteau, ces histoires nous sont racontées du point de vue de personnages plus fascinants les uns que les autres, post-humains, créatures extraterrestres aux modes de pensée radicalement différents du nôtre ou intelligence artificielle utilisant les interactions de millions de fourmis pour exister. On se gardera d’en révéler davantage tant les surprises sont nombreuses et le sense of wonder omniprésent. Son prédécesseur était un roman remarquable à bien des égards, Dans les Profondeurs du temps l’est à tous points de vue.

Philippe BOULIER

Ça vient de paraître

La Maison des Soleils

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 114
PayPlug