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Cristalhambra

Présent sur la scène de la SF française vers la fin du XXe siècle, Richard Canal s’est fait plus rare au début du XXIe. Récemment revenu aux affaires avec plusieurs nouvelles (dont sa participation aux Galaxiales de Michel Demuth, lauréates du Grand Prix de l’Imaginaire 2023) et le roman Upside Down (Bifrost n° 101), c’est un deuxième roman qui nous arrive : Cristalhambra. Histoire à trois voix, ce récit prend place dans un avenir où l’humanité, grâce à la maîtrise des trous de ver, a essaimé parmi les étoiles, et semble avoir trouvé un équilibre entre les différentes puissances qui la constituent. Chaque groupe, chaque Quadrant, correspond peu ou prou à une ancienne zone de la Terre, se confondant parfois avec une entreprise tentaculaire : la ShanShan Tencent Corporation (SSTC), par exemple, ou le Nouvel État Islamique (NEL). Bien entendu, chacun cherche à placer ses pions et ménager ses propres intérêts. Or, un point d’achoppement risque de déstabiliser le fragile édifice : la volonté de certains, dont la Chancelière de la Fédération, de mettre un terme à l’essaimage irraisonné de l’humanité à travers les étoiles – ceci afin de mieux gérer les terres déjà conquises. Et qui dit fin de l’expansion dit frein de la croissance commerciale, une perspective que les compagnies apprécient peu. Idem pour la propagation des idées religieuses. L’Ordre du Renouveau Charismatique et ses Templiers semblent prêts à tout pour contrecarrer les vues de la Chancelière.

Richard Canal scinde son roman en trois voix, destinées, bien entendu, à se réunir en fin de récit. Au secrétaire de la Chancelière, les rouages du pouvoir, au cœur des complots et des tentatives plus ou moins honorables pour maintenir l’ordre et l’équilibre. Au fils du puissant et tyrannique dirigeant du huitième Quadrant, Kuniaki Toshigawa, le patron, en quelque sorte, des trous de ver, les méandres de l’économie, mais aussi de la recherche spirituelle (un petit parfum du siècle précédent, avec la mode puissante du Japon et de sa spiritualité vite concassée, transformée à la sauce occidentale). Enfin, reste un jeune garçon, perdu sur une planète de glace oubliée du pouvoir et dont les maigres ressources s’épuisent… Ni d’une originalité foudroyante, ni non plus d’une finesse absolue (certains personnages sont à la limite du caricatural), l’intrigue de Cristalhambra fait son office, offrant au lecteur un moment plutôt plaisant.

Richard Canal nous est revenu, non pour bouleverser la SF, mais pour apporter sa pierre à l’édifice avec modestie et efficacité. Qui s’en plaindrait ?

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