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Les critiques de Bifrost

Afterland

Afterland

Lauren BEUKES
ALBIN MICHEL
23,90 €

Bifrost n° 106

Critique parue en avril 2022 dans Bifrost n° 106

2020. Un nouveau virus apparaît, bénin pour les femmes mais provoquant un cancer de la prostate chez les hommes de tout âge, enfants et adolescents compris. Bilan : 3,2 milliards de morts ; moins de 50 millions de survivants. Qui, du coup, acquièrent un statut très spécial : les fanatiques religieuses veulent terminer le travail entamé par leur Dieu, les mères/sœurs/compagnes cherchent leur présence pour compenser la perte de l’être aimé, le gouvernement veut les protéger à tout prix afin de décoder le mécanisme de leur immunité. Sans oublier certains individus sans scrupules désireux de commercialiser leur semence, d’autant plus monnayable au marché noir que la Reprohibition interdit toute conception en l’absence d’un vaccin.

2023. Miles, fils ado de Cole, une sud-africaine, est ainsi sur le point d’être kidnappé et vendu par sa propre tante à une riche investisseuse. Quand Cole découvre le projet de sa sœur, elle l’assomme, la laisse pour morte, s’enfuit de la base militaire où la famille était hébergée et cherche à traverser les USA d’une côte à l’autre en quête d’un bateau pour son pays d’origine. Or Billie, ladite sœur, a survécu. Épaulée par deux tueuses au service de sa patronne, elle tente de rattraper l’enfant…

Le récit est divisé en trois parties : la première moitié décrit la phase initiale de la fuite, montre, via des analepses, comment les personnages et le monde en sont arrivés là, et alterne les points de vue de Billie, Cole et Miles, déguisé en fille pour sa propre sécurité et rebaptisé Mila. Un court intermède s’ensuit, essentiellement un déballage d’infos sur le virus. Dans la seconde moitié, Cole, entrée dans une secte axée sur la repentance pour atteindre Miami, devra faire face à la crise d’adolescence de son fils et au fait que ce dernier adhère sincèrement au credo du culte.

Afterland n’est pas un mauvais roman : l’autrice a du métier, et son style caustique fait mouche, du moins dans la partie initiale. Car dans la seconde, hélas, s’éloignant des questions sociétales soulevées (notamment liées au fait qu’une société presque dépourvue d’hommes n’en est pas pour autant idyllique), le récit tombe dans le rebattu du mal-être adolescent et la vulnérabilité aux promesses de salut sectaires, le tout plombé par un rythme atone et une fin banale à la prévisibilité affligeante. Demeure une première partie, on l’a dit, mais qui à elle seule, pour rythmée – voire haletante – qu’elle soit (paradoxalement, on s’inquiète davantage pour le sort de Billie que pour celui de Cole/Miles !), ne justifie pourtant pas que, comme Stephen King, on qualifie ce livre de « thriller splendide ». Sans compter le fait que les thématiques de fond sont abordées de façon trop superficielle, et surtout que le road trip à travers les USA impliquant un adulte et un enfant dans un contexte post-apo sent le réchauffé, pour dire le moins. Demeure un livre qui n’est sans doute pas sans intérêt, mais celui-ci s’avère assez mince…

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