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Les critiques de Bifrost

Yanis, déesse de la mort

Yanis, déesse de la mort

Valérie SIMON
FLEUVE NOIR

Bifrost n° 7

Critique parue en janvier 1998 dans Bifrost n° 7

La saga des Bannis de Loubet à peine parue, Fleuve Noir embraye sur un second diptyque, Arkem, la pierre des ténèbres — cette fois l'œuvre d'une pure jeune fille. Jamais le contraste Fantasy pour Hommes I Fantasy pour Dames n'a été si frappant dans cette collection. Là encore, je conseillerai vigoureusement la lecture intégrale de ces deux cycles pour l'apprenti sociologue.

Autant l'avouer de suite, les premiers chapitres sont, pour le lecteur mâle, à grimper au mur. J'ignore l'effet sur mes consœurs, mais en ce qui me concerne, lorsqu'après trois pages passées à se mirer dans une mare, la diaphane héroïne aperçoit « un être assis sur une souche, grand de silhouette, indéniablement viril de morphologie… », — je ne peux m'empêcher de me demander quel est le détail dans la silhouette de ce démon à même de révéler une morphologie qu'on ne pourra nier !

Heureusement, les choses s'améliorent peu à peu (ce qu'on pourrait presque regretter parce que tout cela aurait pu donner une superbe parodie d'Heroic-Fantasy fleur bleue!) — et le récit retombe dans le classique très lisible, sans jamais se délester de cette indéniable touche féminine : romantique en diable, plein de mâles idéalisés donnant dans le véritable catalogue fantasmatique (domination d'une femme par une autre femme avec la première prêtresse ; domination de l'homme par une femme avec le magicien voleur prisonnier du souterrain pour ne citer que les plus évidents). Cela me semble désigner d'emblée Arkem comme l'équivalent du cycle de Gor de John Norman (J'ai Lu), pour les femmes.

Ceci mis à part, c'est encore l'histoire d'un bâtard — d'une bâtarde — promis à un grand avenir et doté d'un objet magique (la pierre) sans lequel elle ne vaudrait tripette.

Bref, si chacun se doit d'applaudir à l’arrivée d'un nouvel auteur féminin francophone, il convient de conseiller ce roman à l’exclusif usage de nos chères lectrices… et de nos étudiants en quête de thèses ! Ce n'empêchera pas tout lecteur masculin de jeter un coup d'œil aux aventures de Yanis, ne serait-ce que pour savoir ce qu'attendent ces dames de leurs chevaliers servants…

David SICÉ

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