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Les critiques de Bifrost

Traverser la Ville

Traverser la Ville

Robert SILVERBERG
LE PASSAGER CLANDESTIN
80pp - 5,00 €

Bifrost n° 85

Critique parue en janvier 2017 dans Bifrost n° 85

« La collection “Dyschroniques” remet à l’honneur des textes anciens de grands noms de la SF, nouvelles ou novellas posant en leur temps les questions environnementales, politiques, sociales, ou économiques. Si certaines questions semblent moins d’actualité, d’autres, en revanche, sont devenues brûlantes et illustrent, hélas, la pertinence des craintes exprimées par les auteurs de SF. Chaque texte est suivi d’une biographie/bibliographie de l’auteur, d’un bref historique des parutions VO/VF, d’éléments de contexte, ainsi que de suggestions de lectures ou visionnages connexes. »

Traverser la ville, de Robert Silverberg, sort en 1973, un an seulement après le rapport Meadows qui exhortait à la fin de la croissance, onze ans après le Billennium de Ballard qui pointait les risques de la surpopulation, et deux ans après son Monades urbaines sur le même thème. Les années 50 et 60 connurent simultanément l’explosion démographique et l’urbanisation du monde ; c’est alors que naquit le concept, banal aujourd’hui, de mégalopole, qui liait les deux phénomènes. D’autre part, le monde était alors l’objet de forces contradictoires entre volonté de régulation globale et poussées nationalistes variées ; comme l’Europe aujourd’hui. C’est donc un monde surpeuplé, intégralement urbanisé mais politiquement fragmenté, que décrit Silverberg. Le centre est loin, la vie s’organise dans une myriade de districts (proches des comtés US) où vivent (plutôt mal) quelques centaines de milliers de citoyens. Les districts, entre spécialisation et standardisation, ont chacun leur propre organisation politique, leur composition sociologique, leur activité économique dominante. Chacun se méfie des autres, l’âge est aux frontières, tiens donc ! C’est dans ce contexte qu’une rebelle s’exfiltre du district de Ganfield en emportant le logiciel qui régule le fonctionnement de toutes les infrastructures ; un logiciel que personne ne sait remplacer (on est ici proche de « La Pompe six » de Bacigalupi). Dans un monde automatisé où la surpopulation impose une gestion quotidienne de la pénurie endémique et dont la complexité empêche tout contrôle humain, l’évènement est dramatique ; l’effondrement guette Ganfield. Menacé de lynchage par procuration, son mari-du-mois part à sa poursuite afin de récupérer le logiciel pour sauver sa communauté. Il traverse la ville et emmène le lecteur à sa suite, lui faisant visiter un petit bout d’un monde peu attirant. C’est à la fois un peu court et très bien vu.

On notera, dans ce texte, une vision peu valorisante de la femme. Autres temps…

Éric JENTILE

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