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Les critiques de Bifrost

Six héritiers

Six héritiers

Pierre GRIMBERT
MNÉMOS
464pp -

Bifrost n° 3

Critique parue en novembre 1996 dans Bifrost n° 3

« La foudre claqua et quelqu'un était dans l'embrasure de la porte. Quelqu'un ou quelque chose.

Reyan allait conserver chaque détail de cet instant à jamais dans sa mémoire, Un homme en tunique écarlate, et qui tenait une dague, l'observait silencieusement. Il était chauve et son visage était peint des orbites noires, un nez noir, des oreilles noires jurant sur un maquillage blanc, donnaient à l'ensemble l'allure morbide d'un crâne humain. Un crâne monstrueux, sans expression, où rien ne vivait, que deux foyers ardents : les yeux d'un dément.

La chose parla dans la pénombre…

– Es-tu prêt à paraître devant Zula ? »

La rentrée science-fiction est décidément un véritable festival, et les jeunes éditions Mnémos sont de la parade : encore un premier roman, et encore de l'excellent ! Car, si au dos de l'ouvrage Pierre Grimbert est comparé à David Eddings (« l'égal »), après lecture on peut affirmer, sans craindre d'exagérer, qu'il est supérieur à Eddings, lequel donne bien souvent à ses lecteurs, au regard de ses détestables opus, l'impression de mâcher du papier recyclé (désolé pour les fans, s'il yen a…).

Mais qu'en est-il au juste de Six héritiers ? Il s'agit du premier tome d'une tétralogie (aïe!) contant la fuite des descendants de sept sages, recrutés voici cent dix-huit ans par un mystérieux étranger nommé Nol, dans les plus grandes cours du continent. Tous les assassins du pays à leurs trousses, ils s'efforcent de gagner l'île de Ji où le ancêtres furent réunis une première fois présumant que la cause et peut-être solution de leur malheur s'y trouve.

Ce qui aurait pu n'être qu'une suite d'assassinats avortés ou réussis se révèle un voyage agréable, même la frustration point inévitablement l'arrivée (encore trois tomes…). Les personnages sont attachants, les patronymes bien trouvés — ce qui est rare en Fantasy francophone (merci Christophe « Jet » Vasseur !), et les cultures bien définies. Bref, le roman se lit d'une traite et sans aucun déchet. Seules interrogations: où Grimbert va t-il nous mener et la suite sera-t-elle de la même qualité ? Eddings se caractérise, entre autre, par la faiblesse des tomes intermédiaires de ses interminables sagas. Gageons que Grimbert saura éviter l'écueil du remplissage. Réponse en novembre.

David SICÉ

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