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Les critiques de Bifrost

Rio Diablo

Rio Diablo

Christophe LAMBERT
MAGNARD JEUNESSE
160pp - 7,30 €

Bifrost n° 41

Critique parue en janvier 2006 dans Bifrost n° 41

Martin Pawley, délégué aux affaires indiennes, doit escorter jusqu'à un fort de l'armée américaine un chaman qui semble être la dernière solution face à d'étranges événements. Mais en route, la nuit tombant, le duo doit faire halte à Rio Diablo, un village où l'accueil n'est pas une tradition, surtout envers les peaux-rouges. Le shérif le leur rappelle d'ailleurs bien vite, en emprisonnant le duo suite à une altercation un peu trop organisée. Derrière les barreaux, l'Indien n'a d'autre choix que tenter de s'échapper. Il organise alors un rite magique et nécromantique. Mais les incantations se trouvent brusquement interrompues et les morts décident de ne plus se cantonner aux rôles de figurants : Rio Diablo devient leur nouveau terrain de chasse…

Rio Bravo est le western préféré de Christophe Lambert, aussi suffisait-il que l'esprit tordu du romancier croise une autre de ses admirations, celle qu'il porte à Romero, pour que germe ce livre déjanté. Débutant comme tout bon western, avec son défilé de tronches, son racisme ambiant, ses buissons poussés par le vent courant sur le sable et ses saloons dégueus, le bouquin nous embarque sans tarder sur le chemin poussiéreux de la série B bien gore, toute proportion gardée s'entend, littérature jeunesse oblige. Ce qui n'empêche pas Christophe Lambert de tout y mettre ou presque, jouant sur les codes du genre à plein régime : l'ambiance moite et malsaine s'installe peu à peu. Les personnages se dévoilent au fil des lignes, amitiés et inimitiés se créent, et le grand huit peut être lancé ! Le jeune héros est véritablement l'archétype de l'idéaliste contraint de raccrocher ses principes au vestiaire pour faire face à la horde démantibulée de zombies affamés. De la candeur et l'innocence, il va vite plonger dans le dézingage sans pitié. Sans oublier la découverte de l'amour, celui des vrais héros, celui qui naît dans l'action, quand le seul lien entre homme et femme est l'adrénaline de l'instant présent. Mais tout le monde court, charcle, saigne, et c'est finalement fort jouissif.

Bref, un cocktail cow-boys/zombies qui s'avère aussi savoureux qu'énergique et assure une dose massive d'adrénaline, pour un bouquin qui ne se prend pas au sérieux et divertit avec talent. Un roman populaire dans le sens le plus noble du terme, et un bel hommage à Romero et autre John Carpenter.

Michaël ESPINOSA

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