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Les critiques de Bifrost

Radix

Radix

Alfred Angelo ATTANASIO
TERRE DE BRUME
512pp - 23,00 €

Bifrost n° 41

Critique parue en janvier 2006 dans Bifrost n° 41

Sumner Kagan est une montagne de barbaque pleine de bourrelets qui, bien qu'adulte, vit toujours chez sa maman prénommée Zelda — une sorte de spirite vaudou post-apocalyptique. Quand il ne se goinfre pas de saloperies qui ferait passer la macbouffe pour du Michelin trois étoiles, il s'emploie à concevoir des pièges qui lui permettent d'exterminer des voyous — signant alors ses crimes par le mot SUCRERAT. Outre ses activités de tueur en série, Sumner est un être à part, un élu, car il possède une carte blanche, preuve de son intégrité génétique dans un monde rempli de mutants, ces derniers étant parfois dotés de pouvoirs psy. Alors qu'il est sur le point d'être arrêté par la police, Sumner découvre qu'il a eu un fils avec une belle mutante, un enfant « spécial » qu'il n'aura guère le temps de connaître, car son destin — énorme, cela va sans dire — est de détruire un dieu, à moins que ce ne soit d'en devenir un.

Imaginez un roman de Thierry Di Rollo, entre science-fiction et horreur, long de 512 pages, forcément trop, et écrit comme un parcours de montagnes russes, tantôt à l'acmé, près des étoiles, tantôt dans le caniveau, slalomant entre les étrons du grotesque le plus consommé. Radix ressemble à ça. C'est un livre ambitieux, certes, dérangeant, sûrement, éprouvant, la plupart du temps, mais sa réédition est d'une telle incompétence qu'on ne peut qu'être choqué par la somme de 23 euros que demande l'éditeur pour un ouvrage aussi mal maquetté (fautes de typo, fautes de mise en pages, paragraphes centrés alors qu'ils devraient être justifiés, police inadaptée à la lecture d'un roman, interlignage trop important pour le corps du caractère…). Ajoutez à ça un matériau grossier car mal traduit (fautes de français, néologismes peu inspirés, contresens flagrants, redondances, tonalité absente ou en dérangement), sans oublier, cerise sur le gâteau, la couverture, un truc à faire avorter d'effroi un ornithorynque bien portant.

La volonté de l'auteur de nous proposer un livre de science-fiction adulte — plein de sperme, de sang et de merde — était louable, mais la mystique d'abord fascinante de l'ensemble devient rapidement lourdingue, puis insupportable, une fois passée la page 300. Radix est un « roman-univers, roman culte, démesuré et baroque », si on en croit le quatrième de couverture ; rien de plus vrai, sauf que c'est aussi un roman à l'image de son personnage principal : adipeux, difforme, franchement hideux, infréquentable. Ajoutez à ça la qualité de la mise en page et celle de la traduction, et il ne vous restera plus qu'à acheter autre chose (en attendant, peut-être, un jour, une édition « définitive » plus convaincante)…

Thomas DAY

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