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Les critiques de Bifrost

Plus proche que vous ne pensez

Plus proche que vous ne pensez

Philippe RENFORD
FLEUVE NOIR

Bifrost n° 6

Critique parue en octobre 1997 dans Bifrost n° 6

 

Sous cette nouvelle signature, le Fleuve Noir exhume le thème du mutant qu'il pare d'une construction et des atours de la nouvelle vague. Histoire que cette thématique éculée apparaisse branchée. Une couche de modernité, dispensée sous la forme d'allusions à des manipulations génétiques, ne parvient pas à masquer l'antiquité du motif. La forme éclatée du récit lui apporte peu ; elle ne permet ni un démarrage de l'action sur les chapeaux de roues, ni l'entretien d'un suspense absent, le puzzle présenté n'engendre pas même un effet de révélation. Sous la plume de Philippe Renford, sur une Terre ravagée où seul ce qui a muté a survécut, les mutations ne sont plus monstrueuses, elles s'intègrent à la nouvelle nature. À l'inverse, sur la Station IV dans l'espace, les mutants, créés par le génie génétique à dessein de reconquérir la Terre, sont craints et persécutés.

Quatre d'entre eux s'évadent de la Station et gagnent une Terre où la survie n'est pas possible, sauf peut-être pour eux. Stev rejoint la horde de mutants terrestres, nés des radiations dures, menée par Krii après avoir recueilli l'esprit de Andr dont le corps est détruit. Raal est phagocyté par une plante qui vit en symbiose avec des humains auxquels elle procure une extase sexuelle permanente. Ina, enfin, a trouvé refuge dans la dernière communauté d'humains purs de la planète… Krii prendra cette ultime cité d'assaut mais plutôt que de détruire et de massacrer, mutants et humains trouveront un terrain d'entente pour reconstruire l'avenir avec l'arrivée des mutants qui viennent le s'évader en masse de la Station IV.

Il faudra ajouter un brin d'aventures sentimentales, celle, tragique, de Krii et de Ma Ih Lin ou celle d'Ina et de Stevandr ; un zeste de drame et le tour aurait dû être joué. L'absence d'un maître-personnage, rôle que Stevandr ne parvient jamais à embrasser, et la structure éclatée du récit laisse une impression de fadeur superficielle qui inhibe l'intérêt du lecteur. Quelques images intéressantes qui pourraient rappeler Brussolo ne parviennent à la faire oublier.

Jean-Pierre LION

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