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Les critiques de Bifrost

Plastic Jesus

Plastic Jesus

Poppy Z. BRITE
AU DIABLE VAUVERT
168pp - 15,00 €

Bifrost n° 28

Critique parue en octobre 2002 dans Bifrost n° 28

« Les Beatles étaient devenus plus populaires que le Christ ». Cette phrase a été prononcée par John Lennon en 1966. Bon. Maintenant, imaginez que les deux piliers, les vrais moteurs de ce groupe « plus populaire que le Christ », aient été gays. Cela aurait-il un tant soit peu changé le monde ? Tel est le postulat de départ de Plastic Jesus. Et autant vous le dire tout de suite, d'après Poppy Brite, la réponse à la question posée est bien évidemment oui… Donc, John et Paul (ils ont un autre nom et leur groupe ne s'appelle pas les Beatles, mais il s'agit bien d'eux), sont gays. Et John (en fait, son nom c'est Seth, dans le bouquin) meurt le corps truffé de balles — cinq, pour être précis. Paul (son nom à lui, c'est Peyton), fou de douleur, va voir le psychanalyste de John/Seth, un vrai fan de leur groupe ayant lui-même assumé son homosexualité grâce aux deux rock-stars. Paul veut rencontrer Ray Brinker, l'assassin de John, et pense que le psychanalyste devrait pouvoir lui permettre d'accéder au meurtrier. Les deux hommes discutent, et bientôt Paul raconte son histoire, sa rencontre avec John, la formation du groupe, sa vie amoureuse…

Plastic Jesus n'est pas un mauvais livre. Ce n'est pas non plus, loin s'en faut, le chef-d'œuvre de Poppy Brite. Le texte est court (100 pages, le reste du volume étant meublé par une introduction, des illustrations hideuses de l'auteure, une interview ainsi qu'une sorte d'essai fictionnel tiré de Coupable, recueil d'essais abscons de Brite publié récemment Au diable vauvert). En fait, il s'agit davantage d'une novella que d'un roman. Brite y fait preuve de son habituelle sensibilité, de sa justesse de ton et de son style simple, nerveux. Si ses motifs centraux demeurent inchangés (l'amour, le sexe et ses orientations, le rock, la créativité, etc.), on notera toutefois qu'on retrouve ici l'auteure d'Âmes perdues non seulement débarrassée de son appareillage gothique habituel (fantôme, vampire et magie), mais aussi du cadre classique de ses bouquins (principalement la Nouvelle Orléans et la Louisiane). De fait, Plastic Jesus tient davantage de la littérature générale que de la littérature de genre. Voici donc un livre d'une auteure dont le talent n'est plus à prouver mais qui vaut surtout par la dimension (direction ?) nouvelle qu'il donne à son œuvre.

Olivier GIRARD

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