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Les critiques de Bifrost

Ascension

Ascension

Drew KARPYSHYN
MILADY
352pp - 8,20 €

Bifrost n° 88

Critique parue en octobre 2017 dans Bifrost n° 88

Ces trois romans – Révélation, Ascension et Rétorsion – sont adaptés du jeu vidéo Mass Effect™ de Bioware.

On a là un assez fort volume de plus de sept cents pages sous couverture cartonnée rigide revêtu d'une jaquette d'un assez bel effet dans le style « nouveau space opera ». Au milieu, l'ouvrage contient un cahier hors texte de seize pages pages d'illustrations en couleur issues du jeu vidéo Bioware. L'auteur de ces romans, Drew Karpyshyn, est aussi le principal auteur du jeu Mass Effect™.

L'humanité a découvert aux confins du système solaire un « relais cosmodésique », artéfact laissé par les Prothéens, une espèce supérieure disparue voici 50 000 ans, qui leur ouvre les portes de la galaxie où les Terriens sont confrontés à diverses autres espèces plus ou moins bien disposées à leur égard. Une idée déjà vu cent fois. C'est plus ou moins comme ça que commençait la série Perry Rhodan, par exemple, ou Stargate. Au temps pour l'originalité.

Révélation , le premier livre de cette trilogie, nous conte l'enquête menée par la scientifique Kahlee Sanders et l'officier David Anderson afin de découvrir par qui et pourquoi la station de recherche secrète où elle était affectée a été détruite. Les deux tomes suivants sont davantage liés, notamment par le personnage de Grayson et l'organisation suprématiste humaine Cerberus que dirige l'Homme Trouble, pour qui le seul salut possible pour l'espèce humaine passe par l'extermination intégrale de toutes les autres espèces intelligentes peuplant la galaxie. Dans Ascension, Cerberus tente de mettre la main sur Gillian, la fille adoptive de leur agent, Grayson. Ils ont développé en elle des pouvoirs biotiques : des pouvoirs psi télékinésiques carburant à l'énergie noire. Dans le troisième tome, Rétorsion, Cerbérus teste sur Grayson de la nanotechnologie aliène provenant des Moissonneurs qui le transforme en un guerrier quasiment invincible qui cesse alors d'être lui-même pour finir totalement asservi aux Moissonneurs : des intelligences artificielles hébergées dans de gigantesques astronefs qui ne se proposent rien de mieux qu'éradiquer toutes intelligences biologiques du cosmos… Quelle originalité ! Impossible de ne pas penser au cycle des «  Inhibiteurs » d'Alastair Reynolds et au cycle du « Centre Galactique » de Gregory Benford, entre autres…

Particulièrement peu brillant, le scénario se résume en une suite ininterrompue d'assauts et de massacres sur des bases isolées. On ne sait pas ce que devient la fiole de dopant biotique qu'avait sur lui le traitre Jiro. On ne comprend pas davantage pourquoi le capitaine Mal autorise l'accostage de la navette Cyniad alors qu'il ne pouvait que savoir qu'elle avait été piratée par Cerberus. L'auteur s'enfonce encore davantage en tentant de se raccrocher aux branches… Messieurs, faites des jeux vidéo mais ne vous improvisez pas romanciers. Laissez faire des tâcherons tel Kevin J. Anderson dont c'est le métier de rédiger (pas d'écrire) de l'aventure spatiale au kilomètre, du Dune-StarWars-Trek-Gate en veux-tu en voilà…

Bref ! Du tout venant de troisième ordre. On a des tonnes de Fleuve Noir de cet acabit là. Mais là où on se fout royalement du monde, c'est lorsque l'on vend ça 39 € ! 39 € ! Non mais… Même d'occase sur Internet à moitié prix, c'est encore exorbitant et bien trop cher payé ! C'est indécent. D'autant plus que ce n'est pas même inédit. On a déjà lu pire, il est vrai, mais jamais à ce prix là. Ça mériterait son Razzy du plus mauvais rapport qualité/prix…

Jean-Pierre LION

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