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Les critiques de Bifrost

Le Cri de l'asphalte

Le Cri de l'asphalte

Serge A. SEGURET
FLEUVE NOIR

Bifrost n° 5

Critique parue en mai 1997 dans Bifrost n° 5

« Tu me racontes des bobards ! Tous les deux ans, à mon job, les patrons  nous emmenaient dans un parc de loisirs situé à trois cents kilomètres de Ville-Centre. ET ON MONTAIT DANS UN TURBOTRAIN ! Une incompréhensible vague de tristesse passe dans les yeux de Jean.

– Calmos, grand, dit-il à Chuck… Tu t'es fait avoir comme les autres, et ça me fait mal… Tu t'es jamais demandé pourquoi il n'y avait pas de ciel dans ce foutu parc ? »

A priori le meilleur des quatre premiers titres de la nouvelle collection Fleuve Noir S- sans être cependant le plus ambitieux. Premier d'une trilogie, Le cri… raconte comment Chuck, brave colosse, sortit de la normalité (Voiture-électrique Boulot Dodo) pour rejoindre une bande de motards du XXIe siècle, part en quête de son rêve, la splendide mais rarissime Munch Mammouth 1200 Nurburing!

L'une des premières qualités d'un roman (au-delà. du clivage des genres) est de vous faire vivre une aventure dans la peau d'un autre. Si, comme moi vous n'avez jamais été fasciné par la perspective de vous retrouver couvert de cambouis à filer plein gaz sur un engin de mort responsable, à son échelle, de l'effet de serre, vous serez tout particulièrement surpris de l'effet bœuf Parce que là, pendant deux heures, vous serez Chuck, vous vénérerez les motos, vous mépriserez les Bleus et vous sympathiserez même avec le «Brigadier» Bob. Bref, du point de vue de l'immersion et de l'identification, c'est une réussite totale.

Autre aspect savoureux, la douce satire de l'écologie et du politiquement correct.

Et Serge Séguret (qui signe ici, me semble-t-il, son premier roman) de réponde à la normalisation déshumanisée et hypocrite, par la liberté, la débrouille, l'amitié et l'entraide des motards. Évidemment c'est un peu enjolivé (ouais, celle-là est assez facile…), mais mieux vaut avoir un idéal que « rien à battre ». On irait presque croire qu'un petit peu d'échappement plein gaz au monoxyde de carbone, ça peut pas faire de mal. C'est comme le tabac, il parait que ça peut sauver des vies, qu'ils ont dit sur France 2.

En tout cas, la virée en moto était super.

David SICÉ

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