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Les critiques de Bifrost

Le Crépuscule des dieux

Le Crépuscule des dieux

Stéphane PRZYBYLSKI
LE BÉLIAL'
480pp - 20,00 €

Bifrost n° 89

Critique parue en janvier 2018 dans Bifrost n° 89

[Critiques du tome 1, du tome 2 et du tome 3.]

Commencée en février 2015, la saga de Stéphane Przybylski touche à sa fin. Nous sommes dans les dernières années de la Seconde Guerre mondiale, et en parallèle de la reconquête de l’Europe envahie par les nazis, se nouent et se dénouent des enjeux plus obscurs. Friedrich Saxhäuser, l’ancien SS, l’agent spécial devenu très spécial depuis que les extraterrestres installés sur Terre lui ont conféré d’énormes pouvoirs, dont une résistance physique ultime, tente de défendre leur cause et d’éviter qu’ils ne soient exterminés. Car le Club Uranium veille, étonnant mélange composé d’Américains, d’Anglais et d’Allemands : son but étant d’éviter à tout prix que l’on suspecte l’existence de ces créatures venues du ciel, de peur qu’une telle révélation sème la panique. Quant à Reinhard Heydrich, le chef de l’Office central de la sécurité du Reich, il s’est mis en relation avec d’autres extraterrestres, une faction tout juste débarquée sur Terre en quête de leurs congénères établis de longue date, et qui n’ont pas nécessairement les mêmes vues que leurs prédécesseurs. Avec, au cœur de cette lutte d’influence, l’invraisemblable puissance qui se dégage de ses êtres et peut détruire notre planète.

Raconté sous forme de flashbacks à partir d’une discussion entre un membre du Club Uranium et la petite-fille de Saxhäuser, ce roman adopte la forme à laquelle nous a habitués Przybylski : une succession de scènes courtes, nerveuses, qui tissent peu à peu la trame globale de l’histoire. Toutefois, la fin approchant, il convient de rassembler tous les éléments de l’intrigue, aussi celle-ci est nettement plus linéaire que celle des volumes précédents. On retrouvera en revanche la même rigueur dans la narration des événements historiques – parfois au prix de paragraphes qui auraient mérité d’être davantage intégrés dans le schéma narratif plutôt que de verser dans le cours d’histoire magistral –, la même saveur de roman-feuilleton qu’on engloutit avec gourmandise, au gré de rebondissements orchestrés avec plus ou moins de prévisibilité, et le même goût pour installer des personnages crédibles, même si l’auteur s’amuse également parfois avec quelques clichés issus de films de guerre ou d’espionnage (voire cite un certain ouvrage de SF célèbre, dans lequel les nazis ont gagné la guerre). On est ainsi en territoire connu, un territoire jalonné de scènes choc, notamment via les expérimentations ratées du docteur Sigmund Rascher, pour cet ultime volet qui conclut donc avec les honneurs cette copieuse saga (pas loin de 2000 pages tout de même).

Globalement, Stéphane Przybylski aura marqué l’Imaginaire français avec sa « Tétralogie des Origines ». Sans prétendre au statut de chef-d’œuvre, son imposant mélange d’histoire réelle dépeinte avec rigueur et d’élucubrations ufologiques hautement improbables se sera révélé suffisamment jouissif et stimulant pour qu’on ne l’oublie pas de sitôt. Il est peu de dire qu’on attend désormais avec impatience son prochain roman, afin de juger de son aptitude à se projeter dans une autre histoire.

Bruno PARA

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