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Les critiques de Bifrost

Le Chemin de la nuit (1953-1970)

Le Chemin de la nuit (1953-1970)

Robert SILVERBERG
FLAMMARION
732pp - 24,40 €

Bifrost n° 28

Critique parue en octobre 2002 dans Bifrost n° 28

C'est avec ce fort beau volume — tout simplement incontournable — que Jacques Chambon inaugure son intégrale raisonnée des nouvelles de Robert Silverberg, un travail colossal (toutes les traductions ont été révisées avec méticulosité) qui rappelle celui qu'il a déjà réalisé avec Philip K. Dick (chez Denoël) et Richard Matheson (chez Flammarion), en attendant J. G. Ballard. On lira au fil de ces 728 pages pas moins de quarante et une nouvelles. Des textes à chute comme « Opération Méduse », « Les Collecteurs », d'autres plus poétiques comme « La Colonie silencieuse », des expérimentations littéraires plus ou moins réussies, « Les Chants de l'été », et des chefs-d'œuvre tels « Comme des mouches », « Les Arbres qui avaient des dents ».

Page 118, on lira cette confession de l'auteur qui est aussi la clef de son œuvre : « Aussi loin que remontent mes souvenirs, je me suis toujours intéressé aux civilisations antiques et aux objets qu'elles ont laissé derrière elles. Enfant, je hantais déjà les musées de New York, surtout pour aller voir des dinosaures, au début, et un peu plus tard pour m'absorber dans la contemplation des vestiges sumériens, babyloniens et égyptiens, sans parler des mosaïques romaines, des codex mexicains ou des poteries des Indiens Pueblo. Je rêvais de visiter les ruines des civilisations disparues qui avaient produit ces objets ; d'ailleurs, dès que j'en ai eu la possibilité, je me suis embarqué chaque année pour un site différent : Pompéi, Chichen Itza, Rome, le Pays Pueblo… »

Et c'est bien à une épopée archéologique que les duettistes Chambon/Silverberg nous invitent. Un voyage dans le passé d'un écrivain trop souvent satisfait de lui-même, mais aussi acteur et témoin privilégié d'une époque passionnante, celle des éditeurs et anthologistes Damon Knight, Anthony Boucher, Leo Margulies, Donald A. Wollheim et Harlan Ellison. Robert Silverberg a écrit quelques-uns des plus beaux romans de la science-fiction moderne : L'Homme dans le Labyrinthe, Un Jeu cruel, Les Ailes de la nuit, Le Livre des crânes, L'Oreille interne ; il a marqué plusieurs générations de lecteurs et d'auteurs et cette intégrale raisonnée prouve — si cela est encore nécessaire — qu'il est le plus grand écrivain de science-fiction vivant.

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