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Les critiques de Bifrost

La Porte des Mondes, l'intégrale

La Porte des Mondes, l'intégrale

Robert SILVERBERG, John BRUNNER, Chelsea Quinn YARBRO
MNÉMOS
368pp - 25,00 €

Bifrost n° 81

Critique parue en janvier 2016 dans Bifrost n° 81

Ce volume cartonné regroupe quatre textes : le roman de Robert Silverberg La Porte des mondes, et trois novellæ signées de la plume de Robert Silverberg, John Brunner et Chelsea Quinn Yarbro, tous ces textes étant situés dans un monde parallèle au nôtre où la peste noire a rayé soixante-quinze pour cent de la population européenne et a permis une formidable domination ottomane jusqu’au XXe siècle (formidable au point que toutes les œuvres de Shakespeare ont été écrites en turc !). Si l’objet-livre, fermé, semble des plus convaincant, il l’est moins à la lecture, tant la maquette intérieure prête à la critique : police de caractère trop petite, il manque un corps, voire deux ; postface en page de droite (page 287) et page-titre en page de gauche (page 288). Tant pis pour les amateurs de beaux objets. L’effort est méritoire, mais reste incomplet.

Les deux textes de Robert Silverberg sont loin d’être parmi ses meilleurs, mais se lisent toutefois avec un grand plaisir. Dans un cas comme dans l’autre, on s’attache au personnage principal : Dan Beauchamp, l’Anglais de dix-neuf ans qui découvre les Hespérides (Amériques) de 1963, sur lesquelles règnent Aztèques et Incas ; et Petit Père, le prince de Tombouctou qui s’apprête à devenir roi du Songhaï. Dédié à Robert A. Heinlein, La Porte des mondes est un subtil hommage aux juvéniles du père d’Étoiles, garde à vous ! On lui pardonne volontiers son didactisme en matière de mondes parallèles et certaines de ses notes de bas de page un tantinet ridicules. Texte faussement précurseur du steampunk (malgré sa peu fiable voiture à vapeur), aventure picaresque enlevée, La Porte des mondes se lit avec délectation (à tel point qu’il semble horriblement trop court !). Dans la droite lignée du texte précédent, « Tombouctou à l’heure du lion » est une comédie politique légère, pour ne pas dire téléphonée, sur laquelle plane un érotisme oriental convaincant.

Les novellæ de John Brunner et Chelsea Quinn Yarbro concluant l’ouvrage n’y rajoutent pas grand-chose et souffrent, avant toute autre considération, d’une traduction française d’un manque de professionnalisme ahurissant (absence d’harmonisation avec les traductions précédentes, problème de répétitions, de grammaire française, de concordance des temps – il ne manque rien ou presque au musée des horreurs). A été soustrait à ces deux longs textes l’essentiel : le ton si léger et pourtant si précis de Robert Silverberg. En quatre mots : « la musique du maître ».

Thomas DAY

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