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Les critiques de Bifrost

La Porte de cristal

La Porte de cristal

N. K. JEMISIN
J'AI LU
23,00 €

Bifrost n° 91

Critique parue en juillet 2018 dans Bifrost n° 91

La Cinquième Saison plantait l’univers riche et complexe d’une terre où des séismes incessants et une importante activité volcanique provoquant des hivers nucléaires menacent périodiquement la civilisation, voire la vie entière. Durant ces périodes, les Comm ne peuvent subsister que sur leurs réserves ou migrent là où la vie est encore possible. Parmi elles, certains individus ont développé un talent particulier, l’orogénie, lequel a une assise physiologique située dans le cerveau. Il permet de manipuler des énergies telluriques, notamment thermique et cinétique, pour détecter et contrôler les secousses. Les orogènes risquent aussi de provoquer involontairement des catastrophes en l’absence de maîtrise de leurs émotions. C’est pourquoi ils sont tués dès que leur pouvoir se manifeste, sauf s’ils sont repérés par des Gardiens itinérants qui disposent de moyens d’annihiler leurs pouvoirs. Enrôlés et éduqués au sein du Fulcrum, qui les envoie ensuite au service de la population, leur condition reste souvent proche de l’esclavage.

Ce second volume reprend exactement là où s’est achevé le premier : une nouvelle saison, la cinquième, est sur le point d’advenir, provoquée par Albâtre qui a déchiré le continent en deux et en paie le prix en se transformant progressivement en pierre : le mangeur de pierre est à son chevet. Son épouse et élève Essun doit apprendre d’Albâtre les connaissances pour contrer les menaces pesant sur la communauté où ils ont trouvé refuge, voire la civilisation dans son ensemble. Elle cesse temporairement d’essayer de retrouver sa fille Nassun enlevée par son père, laquelle découvre progressivement ses pouvoirs et l’indépendance qu’ils lui procurent.

Progressivement, on en apprend davantage sur les phénomènes telluriques, les obélisques de cristal qui gravitent autour de ce monde ainsi que sur les pouvoirs des Gardiens et la magie en général, laquelle a beaucoup à voir avec des concepts scientifiques en termes de production et d’échange d’énergie, même si science-fiction et fantasy ne se superposent pas entièrement. Les préoccupations écologiques et les critiques sur la science sans contrôle ne sont jamais très loin.

L’accent reste malgré tout mis sur les personnages et l’action. La narration, qui suivait auparavant la même personne à trois époques différentes, se concentre essentiellement sur Essun et Nassun. Le mode original d’écriture, à la deuxième personne, apporte la touche d’exotisme supplémentaire immergeant le lecteur dans ce récit d’une originalité justement récompensée, une fois de plus, par un prix Hugo. Riche, consistant, cohérent, ce second volume poursuit sans faiblir sur la lancée du premier. Un vrai plaisir de lecture.

Claude ECKEN

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