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Les critiques de Bifrost

La Maison des hommes vivants

La Maison des hommes vivants

Claude FARRÈRE
LIBRIO
130pp - 2,00 €

On pourrait être surpris de trouver dans ce guide de lecture le court roman de Claude Farrère ; en effet, nul vampire ici, bien que le nom soit prononcé une fois. Mais bien du vampirisme, de celui qui assèche un être, jusqu’à le laisser totalement exsangue. C’est ce qui arrive à André Narcy, le narrateur, qui confesse dès les premières pages être mourant alors qu’il avait encore l’éclatante santé de ses trente-deux ans deux jours plus tôt. Par quel maléfice en est-il arrivé là ?

Tout commence lorsque ce capitaine de cavalerie, basé à Toulon, est chargé de porter un message dans un endroit isolé sur la côte. Son cheval tombe et se brise une patte en plein milieu de nulle part, il n’a d’autre choix que de l’achever et de continuer à pied. Alors que la nuit tombe, il croise son amante, marchant seule sur cette lande déserte, habillée comme à la ville et qui ne semble même pas le voir. Il décide de tirer cela au clair et finit par atterrir dans une petite maison tenue par trois hommes tous plus vieux les uns que les autres. Le secret de leur longévité, Narcy va le découvrir à ses dépens : ces « Hommes Vivants » — on appréciera la force de l’adjectif — ont découvert le moyen de pomper la vitalité d’autres êtres humains pour s’en gorger…

On est donc bien en plein dans la thématique vampirique ici : l’inquiétude monte graduellement à mesure que Narcy perçoit la nature de ses hôtes, et Madeleine, sa maîtresse, n’est pas sans faire penser à Mina Harker. Mais Farrère livre un roman qui sait trouver son identité, dans sa façon d’employer le vampirisme, qu’il relie à l’alchimie en faisant intervenir le Comte de Saint-Germain. De même, ses personnages de « vampires » détonnent : fins, cultivés, amicaux, ils ne souhaitent pas étendre leur pouvoir mais simplement continuer à vivre comme ils le font depuis des siècles.

En 1911, Claude Farrère signait cet admirable roman qui allait devenir un classique de la S-F française et conserver, un siècle plus tard, toute sa force et son originalité.

Bruno PARA

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