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Les critiques de Bifrost

La Fille qui tomba sous Féérie

Il y a un an, nous avions évoqué avec enthousiasme la parution aux éditions Balivernes de La Fille qui navigua autour de Féérie dans un navire construit de ses propres mains de Catherynne M. Valente, roman jeunesse depuis récompensé par un prix Imaginales des plus mérités (sans oublier un Locus en 2012). Voici enfin la suite des aventures de Septembre, deuxième volume sur cinq parus en anglais à arriver sous nos latitudes.

Dans le monde de la jeune Septembre, un an aussi s’est écoulé. Un an durant lequel la fillette n’a eu de cesse de rêver que le Vent Vert revienne et la ramène vers Féérie : après tout, n’a-t-elle pas sauvé ce royaume de la férule aseptisante de la Marquise ? Certes, elle a dû se défaire de son ombre au passage, mais cela en valait la peine. Lorsque passe une barque aérienne au-dessus du jardin familial, Septembre se lance à sa poursuite… et tombe dans Féérie. Las, le royaume qu’elle a quitté a bien changé, et se retrouve à nouveau en grand danger : la magie fuit Féérie, est absorbée par son envers obscur, la Féérie-du-Dessous, que dirige une souveraine bien connue de Septembre car il s’agit de nulle autre que son ombre perdue, se faisant désormais nommer Halloween. Dans cette Féérie-du-Dessous, Septembre retrouve bientôt ses anciens compagnons d’aventure, le vouivriothèque A-à-L et Samedi le Marid… ou plutôt leurs ombres, aux caractères inversés. Bon nombre de péripéties et de rencontres étonnantes attendent la fillette, qui va devoir plonger toujours plus profondément dans cette Féérie obscure pour retrouver le Prince Myrrhe, peut-être le seul à même de rétablir l’équilibre. À moins que la solution se trouve au cœur de Septembre ?

Dans ce deuxième volume des aventures de Septembre, la plume élégante de Valente continue de faire mouche, toujours excellemment servie par la traduction de Laurent Philibert-Caillat. Les mânes de Lewis Carroll, Tove Jansson et surtout L. Frank Baum demeurent présentes, mais l’auteure possède son univers à nul autre pareil. Retrouvant le monde merveilleux de Féerie, Valente nous en présente un envers plus sombre et plus trouble, mais pas moins chatoyant. L’inventivité est reine – ce sont dix trouvailles par chapitre –, et si l’ensemble donne parfois une légère impression de décousu, l’intrigue finit par retomber sur ses pattes à la fin du roman. Si La Fille qui tomba sous Féérie… s’adresse en premier lieu à un jeune public, les lecteurs n’ayant pas oublié leur âme d’enfant auraient grand tort de s’en priver, c’est là une fantasy (fantaisie ?) de la plus belle eau.

Erwann PERCHOC

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