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Les critiques de Bifrost

La Femme sans nombril

La Femme sans nombril

Michel DE PRACONTAL
LE CHERCHE-MIDI
16,00 €

Bifrost n° 39

Critique parue en juillet 2005 dans Bifrost n° 39

En 2222, des extraterrestres s'étonnent de ne plus trouver que des robots et des clones sur Terre. Il ne s'agit pas de leur première visite : à intervalles réguliers, depuis les années 1940, les Zébriens se mêlent à la population. Leurs efforts pour comprendre pourquoi l'Homme a disparu de la surface de la planète donnent l'occasion de revenir sur nombre d'affaires américaines concernant le projet Manhattan autour de la bombe atomique, la guerre froide que mène Hoover, chef du FBI, contre le communisme, Deep Blue, qui n'est pas seulement le programme de jeu d'échecs mais un projet de défense autour d'une Intelligence Artificielle, l'affaire Roswell au Nouveau-Mexique, celle du Watergate, etc.. Les noms des extraterrestres, passagers du Beagle, sont d'ailleurs symptomatiques de la période considérée : Angela Darwin, Carl Turing, Albert Vienne et Max Well. En outre revient souvent la mention de Gorge profonde, qui ne renvoie pas seulement au célèbre film porno dont usent les extraterrestres pour crypter leurs données mais aussi au mystérieux personnage qui a précipité la chute de Nixon.

Faisant preuve, à travers des clins d'œil appuyés, d'une solide culture sur le demi-siècle écoulé, ce récit saupoudré d'érotisme et agrémenté d'un humour décalé brandit le spectre du tout sécuritaire dans lequel se sont engagés les Etats-Unis depuis nombre d'années. On connaît depuis peu l'identité de Gorge Profonde, mais l'auteur n'était pas très loin de la vérité et aurait certainement trouvé une pirouette lui permettant de retomber sur ses pieds s'il avait eu vent de cette information avant la parution de son récit survolté.

Michel de Pracontal, journaliste scientifique du Nouvel Obs, auteur de quelques essais et nouvelles dans des anthologies, signe là son premier roman. On ne s'ennuie pas une seconde à la lecture de cet ouvrage très référentiel, qui reste cependant réservé à ceux qui prendront plaisir à décrypter ses fantaisies surréalistes.

Claude ECKEN

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