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Les critiques de Bifrost

La Femme d'argile et l'homme de feu

La Femme d'argile et l'homme de feu

Hélène WECKER
ROBERT LAFFONT
560pp - 23,00 €

Bifrost n° 81

Critique parue en janvier 2016 dans Bifrost n° 81

New York, à la fin du XIXe siècle. Une ville en pleine expansion dont la population vient des quatre coins du monde. On y rencontre des représentants de tous les peuples, de toutes les origines. Et même… une golème et un djinn. En fait, Chava, la femme d’argile (pour reprendre le titre VF bien long et mal choisi), a été conçue en Pologne et a reçu la vie sur le bateau vers le Nouveau Monde. Son maître et époux n’a pas survécu au voyage. La voilà donc seule et sans directive dans un univers totalement inconnu pour elle. Sa route va finir par croiser celle d’Ahmad, l’homme de feu, emprisonné dans un flacon depuis des centaines d’années ; libéré par hasard de sa prison de verre, il s’aperçoit qu’il est captif d’un corps d’homme, sans se rappeler pourquoi ni comment il en est arrivé là. Reste à trouver les réponses à tout cela…

Ce roman aurait très bien pu commencer par « Il était une fois » sans que cela paraisse choquant. L’évocation du passé du djinn nous entraine dans l’univers de Schéhérazade et des contes des Mille et une nuits : son désert, ses créatures fantasques prêtes à jouer avec les humains, ses sorciers avides de connaissances. Quant au récit de la création de la golème, il nous conduit bien sûr du côté du folklore juif et de sa magie puissante. Tout tourne autour d’une possible romance entre les deux personnages éponymes. Mais ici, pas de mièvrerie, pas de happy end assurée. Car malgré ses airs de comédie romantique, ce roman en évite les écueils. La Femme d’argile et l’homme de feu est avant tout un voyage réussi dans un New York évoqué avec brio, peuplé de personnages forts, attachants dès les premières lignes. Leurs histoires, leurs vies se trouvent inextricablement liées à celles des deux héros, sans ce côté artificiel qui est l’apanage des ouvrages médiocres. Les destins de tous ces immigrés, de fraîche ou longue date, avec leurs peurs et leurs envies, leurs désirs et leurs angoisses, font la force et la vie d’un récit qu’il s’avère difficile de lâcher dès les premiers mots lus.

Helene Wecker se sort de son premier roman avec les honneurs, voire même une certaine maestria. Une auteure à suivre, sans doute aucun.

Raphaël GAUDIN

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