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Les critiques de Bifrost

La Citadelle noire

La Citadelle noire

Carolyn Janice CHERRYH
J'AI LU
7,00 €

Bifrost n° 4

Critique parue en février 1997 dans Bifrost n° 4

 

« Autour de lui, le vent agitait les branches et une nuit privée d'étoiles s’installait rapidement dans la gorge encaissée. Les senteurs fuligineuses arrivaient de l'ouest en glissant sur les pentes du Gleann Fiain… il entendit un bruit sourd, comme si un pied venait de déplacer deux cailloux. Il se retourna, la main sur la garde de son épée, et regarda au-delà du rideau de branches des saules… Dubhain ! »

Draiocht et Ceas. Magie Noire et dure Nécessité.

Très attendue aussi la traduction de ce roman de Fantasy de la fameuse Carolyn Cherryh, fort célèbre pour ses cycles de space opera (Chanur et Union-Alliance) mais également appréciée pour ses œuvres apparentées au merveilleux (cycle des Portes d'Yvrel disponible chez J'ai Lu), et qui nous livre ici le récit des (més)aventures de Caith, fils illégitime de roi (pour simplifier).

Question ambiance, La forteresse noire est une réussite indubitable, dite réussite obtenue à grands renforts de descriptions extrêmement riches en sensations, mais aussi d'emprunts à la culture irlandaise — des mots (les «Sidhes », remplaçant les elfes »), des patronymes, jusqu'à la trame elle-même de l'histoire de Caith vraisemblablement issue d'un mélange de récits folkloriques existants. Dans le même esprit, C.J, Cherryh se conforme à la structure classique des intriques légendaires : son héros n'est pas un homme ordinaire. Il est à la fois de sang royal, bâtard et parricide. Maudit par ce dernier geste, le voici désormais flanqué du capricieux Dubhain et ballotté de hauts faits d'armes en félonies au gré du principe un rien spécieux d'équilibre entre le Bien et le Mal, équilibre qui semble dominer chez les êtres-fées. Réfugié à la faveur d'un orage chez un couple énigmatique, Caith va se retrouver bien malgré lui contraint de combattre une sorcière, de côtoyer des fantômes et mettre à mort un certain nombre d'innocents, par accident ou faute de choix. Voilà qui finit à la longue par être frustrant, et pas seulement pour le héros.

Autre caractère marquant du roman que l'on retrouve d'ailleurs souvent chez d'autres récits d'auteurs-femmes mettant en vedette des héros masculins (cf. Lestat d'Anne Rice, pour n'en citer qu'un), l'insistance sur les traits et rapports plutôt féminisant, notamment dans plus d'une scène entre Caith et son « doux Dubhain ». Jusqu'à quel point un héros mâle « ambivalent »  est-il perçu comme attirant par les lectrices (public présumé cible de la Fantasy rédigée par des femmes) ?

David SICÉ

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