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Les critiques de Bifrost

L'Année du rat

L'Année du rat

Régis DESCOTT
JEAN-CLAUDE LATTÈS
384pp - 20,00 €

Bifrost n° 64

Critique parue en octobre 2011 dans Bifrost n° 64

France, dans un futur relativement proche. Chim’, lieutenant de la Brigade de Recherche et Traque (organisme de barbouzes viriles), mène l’enquête sur un terrible meurtre multiple dans une ferme normande. Les victimes ont été sauvagement assassinées, et certaines portent la marque de dents d’animaux. Ses recherches vont rapidement l’emmener sur la piste des multinationales qui trafiquent les OGM. Mais sait-il vraiment quels sont les dangers qui l’attendent ? Sans doute, puisqu’une vieille chiromancienne chinoise lui a prédit qu’il mourrait dans l’année.

Régis Descott, plutôt habitué des thématiques de la folie et de la psychiatrie, se lance avec L’Année du rat dans le thriller politico-écologique. Du point de vue du thriller, il faut lui reconnaître une certaine efficacité, le roman se lit plutôt très bien, même si l’auteur est loin d’éblouir par son style, direct et efficace. On tourne ainsi les pages de manière assez compulsive, mais on doit néanmoins rapidement déchanter : entre clichés et intrigue prévisible et incohérente, le savoir-faire de Descott prend du plomb dans l’aile. Au rayon des clichés : la brigade (BRT) et sa galerie de policiers tous plus tarés et improbables les uns que les autres ; le personnage principal qui tente bien évidemment de renouer avec son amour perdu (qui lui avait laissé en guise d’adieu un petit rongeur qui meurt au début du roman) ; les méchantes multinationales sans âme… Quant aux développements que l’on voit à l’avance, la nature des manipulations génétiques, l’identité de ceux qui veulent stopper l’enquête et la carrière de Chim’… Pour les invraisemblances : le traitement de l’exposition à la radioactivité ; le lieutenant, qui vit pendant quatre ans avec une femme, à aucun moment n’a l’idée de lui demander quel est son métier… Ajoutons à cela une dernière scène invraisemblable, bâtie sur une révélation que l’on devinait vaguement mais qui relève clairement du n’importe quoi (et qui reprend une des phrases les plus connues du cinéma de science-fiction), et l’on comprendra qu’on ne tirera pas grand-chose de ce roman, hormis une lecture rapide. Et quelques éclats de rire involontaires : ceux évoqués ci-dessus, et certains dus aux travers du thriller, comme la manie de dater les chapitres ; quand ce procédé culmine dans deux chapitres successifs, où l’action se déroule dans la continuité, et que ces deux chapitres commencent par « Siège de la BRT. 31 janvier, 13h30 » et « Siège de la BRT. 31 janvier, 13h35 », cela fait doucement rigoler. On passe, et sans regret.

Bruno PARA

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