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Les critiques de Bifrost

Gwendy et la boîte à boutons

Gwendy et la boîte à boutons

Stephen KING, Richard CHIZMAR
LIVRE DE POCHE
160pp - 6,70 €

Bifrost n° 92

Critique parue en octobre 2018 dans Bifrost n° 92

L’oncle Stevie, en sus de ses romans d’horreur, a coutume d’écrire, de temps à autre, des textes (un peu) plus suaves qui vont lorgner sur des territoires moins adultes, de « Le Corps » (qui a engendré l’une de ses plus belles adaptations à l’écran, Stand by me) à La Petite fille qui aimait Tom Gordon en passant par Les Yeux du dragon. On est ici dans un registre proche, avec ce long conte qui aurait fait un excellent scénario pour La Quatrième dimension.

En cet été 1974, Gwendy, une dizaine d’années, a décidé qu’elle en a assez des moqueries su-bies à l’école primaire de Castle Rock ; il s’agit de maigrir, de se remettre en forme. Et donc elle court, ce qui l’emmène régulièrement sur les Marches des suicidés, vertigineux escalier à flanc de falaise, au sommet duquel, dans le parc, un jour, elle rencontre un individu qui gagne sa confiance, puis lui offre une boîte. Une boîte à boutons. (Toute ressemblance avec une nouvelle de Matheson – et ses deux adaptations, télévisuelle et cinématographique – n’est, bien sûr, guère fortuite.)

La boîte est riche de promesses. Elle peut fournir un bonbon, différent chaque jour, toujours délicieux. Et aussi, quoique plus rarement, un dollar en argent, d’une valeur non négligeable, dont l’accumulation devrait pouvoir un jour payer les études de notre héroïne. D’autres boutons permettent des destructions massives sur d’autres continents, ou peut-être encore pire. Que va faire Gwendy ? Profiter de la boîte… ou s’en instituer la gardienne ?

Difficile de déterminer l’apport de Richard Chizmar – auteur reconnu, mais aussi créateur de l’excellent magazine Cemetery Dance et de la maison d’édition qui en émane – à ce court roman, tant il s’est bien fondu dans le processus de co-écriture. Toujours est-il que ce texte bradburyen, posé, propose plus de doux frissons que d’affreux spasmes. La version française de Michel Pagel, élégante, évidente, prouve une fois de plus, s’il en était encore besoin, qu’il y a moyen de bien traduire King dans notre langue. À bon entendeur…

Ce beau petit objet, cette « Une heure-ténèbre », a le charme suranné d’un berlingot acidulé. Même s’il faut avouer qu’on a là du Steve en mode mineur, il serait dommage, vu son prix modique, de ne pas se laisser tenter.

Pierre-Paul DURASTANTI

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