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Les critiques de Bifrost

Fiction - tome 11

Fiction - tome 11

Thomas Michael DISCH, Ruth NESTVOLD, James SALLIS, Terry DOWLING, Alexander IRVINE, Gene WOLFE, Florence DELAPORTE, Jean-Jacques GIRARDOT, Jérôme JOUVRAY, Joe HALDEMAN, Jean-Jacques RÉGNIER, Sara DOKE, Véronique Meignaud, Timothée REY, Vincent GRA
LES MOUTONS ÉLECTRIQUES
340pp - 19,30 €

Bifrost n° 63

Critique parue en juillet 2011 dans Bifrost n° 63

Peu convaincant ce numéro de Fiction. Sommaire décevant, fabrication en net retrait comparé aux numéros précédents.

Il contient toutefois deux nouvelles formidables (Paolo Bacigalupi & Carolyn Ives Gilman) et une très belle évocation de l'Afrique future (Nnedi Okorafor). Le reste du sommaire est nettement moins enthousiasmant avec des nouvelles intrigantes, intéressantes, mais qui s'empilent sans convaincre totalement (Lisa Goldstein, Eugene Mirabelli, Daryl Gregory, James Patrick Kellly, David Marusek, Wayne Wightman). On touche ensuite le fond avec trois nouvelles assez longues, pénibles à lire, pour ne pas dire exécrables : « Le Blues du vampire » de Jeanne-A Debats, chronique vampirique future au ton insupportable, bâclée, qui contient d'assez jolies incohérences (de dates notamment) ; « L'Enfant sans nom » de Sara Doke, du sous-sous Robert Holdstock arthurien, mal écrit, déjà lu mille fois ; « La Cithare sans corde » de Yoon Ha Lee, un postulat de départ enthousiasmant, avec des détails déments, on croit pendant deux pages tenir un grand texte, mais au final c'est une purge, un récit piétiné et concassé par un auteur qui n'a pas su dominer son sujet.

Mais penchons-nous plutôt sur les trois textes qui valent vraiment le coup et celui de David Marusek :

Dans « L'Araignée artiste » de Nnedi Okorafor (auteur du magnifique, mais très gros, roman africain Who fears death), on suit une femme battue qui joue de la musique pour un drone de surveillance arachnoïde créé afin d’empêcher les populations locales d'abimer un pipeline. Dès la deuxième ligne, on se doute que cette histoire ne va pas très bien finir. Le texte aurait été parfait si l'auteur avait pu s'empêcher de l'achever par une couche de morale gonflante. On notera que ce texte n'est pas issu du magazine américain Fantasy & Science Fiction, mais de la très intéressante anthologie Seeds of change.

« Gens du sable et de la poussière » de Paolo Bacigalupi est une pépite. On y suit une troupe de mercenaires du futur qui peuvent manger de la poussière et des cailloux, qui se customisent et se mutilent pour rigoler (tout repousse très vite) et qui tombent nez à nez avec un chien. Que vont-ils bien pouvoir faire de ce truc d'un autre âge, cher à entretenir ? Profond, triste, hilarant. Un texte d'une maestria rare.

« Economancien » de Carolyn Ives Gilman est la grosse surprise de ce numéro. Un banquier londonien est envoyé par sa responsable en Nanonésie (mélange comique et réussi de la Micronésie et de Dubaï…) pour répondre à une offre d'emploi. En vingt ans, la Nanonésie est devenue une puissance boursière impressionnante grâce… à la magie locale (sorte de vaudou de l'océan Indien). Mais voilà que la crise des subprimes est passée par là et qu'il faut trouver un moyen d'envoyer le dollar mordre la poussière afin d'alléger le poids de la dette nationale. Malin, aussi fun que passionnant. Une grande réussite.

Hasard du calendrier, la partie fictions de la revue se termine avec « Oussama téléphone maison » de David Marusek, une nouvelle azimutée autour de la traque de Ben Laden, un texte où l'Amérique n'a pas vraiment le beau rôle. Un mélange de hard-SF et de comédie d'espionnage (style Les Chèvres du Pentagone), audacieux mais pas totalement convaincant.

Une fois encore, on regrettera la qualité globale des traductions, émaillées de choix douloureux pour le lecteur et de phrases suspectes.

Thomas DAY

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