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Les critiques de Bifrost

Extrêmes

Extrêmes

Kathe KOJA
FLAMMARION
266pp - 17,00 €

Bifrost n° 35

Critique parue en juillet 2004 dans Bifrost n° 35

Voici donc un recueil de seize récits qui s'articule autour du plaisir et du sexe, de la perte de soi, de l'obsession qui mène à la folie.

Soulagement. C'est le premier mot qui vient à l'esprit lorsqu'on referme le livre. Deux ou trois nouvelles tirent péniblement leur épingle du jeu, telles « Les Anges amoureux », « Monstruosités » ou « Illusions en relief », grâce à un petit quelque chose d'intrigant, bien que pas franchement innovant. Le reste va, au mieux, de l'ennuyeux, comme pour « Pas de deux » ou « Arrangement pour voix invisibles », récits où il ne se passe rien et où l'intérêt est au plus bas, au ridicule : « Le Bel endormi », « L'Envol ». Pire, « Le Jardin abandonné » malmène sérieusement la fameuse « suspension de l'incrédulité » sans laquelle aucun récit fantastique ne fonctionne.

Certaines nouvelles auraient pu être intéressantes, mais à trop vouloir refuser de fournir la moindre explication, Koja drape ses histoires dans un voile de mystère qui, malheureusement, est tellement opaque qu'il largue le lecteur en route. La tension est absente, les mots tombent à plat, l'auteure rate sa cible (« Les yeux d'anges », « Compagnie des orages »). La seule nouvelle véritablement intéressante, « Jubilé », est cependant trop ramassée, trop abrupte pour qu'on puisse réellement l'apprécier. Là encore ça ne fonctionne pas, surtout parce qu'on a l'impression que l'auteur s'en est un peu « débarrassée », ne va pas au bout de son texte.

Quant au style pseudo-poétique… Imaginez un accouplement dénué de passion entre une logorrhée Francis Valéryenne sans le talent ni la beauté et du sous-Brussolo, un Brussolo dénué de la moiteur animale et de la chair glauque qui en font tout le malaise et l'intérêt, et vous aurez en main un recueil complètement plat, sans le moindre écho, que l'on referme avec soulagement tout en ayant, on l'a dit, le sentiment d'avoir perdu son temps.

Sandrine GRENIER

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