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Les critiques de Bifrost

En direct du Golgotha

En direct du Golgotha

Gore VIDAL
RIVAGES
288pp - 8,65 €

Bifrost n° 34

Critique parue en avril 2004 dans Bifrost n° 34

Dans un futur que l'on rêve proche, un cyberpunk surnommé Le Pirate (en fait, un juif portant le nom improbable de Marvin Wasserstein) a réussi à détruire toute trace des évangiles connus, des épîtres et autres textes fondateurs de la chrétienté. En conséquence, la Bible tient désormais sur un ticket de métro et l'Apocalypse n'est plus qu'un vieux fantasme formaté à plat. Histoire de sauver un fonds de commerce grandement menacé, une équipe de scientifiques à la fois à la solde du lobby télévangéliste et de CNN réussit à envoyer dans le passé, en 96 après Jésus-Christ, un téléviseur SONY à Timothée, évêque de Macédoine. Timothée se voit alors confier une double mission — écrire son évangile et préparer la retransmission en direct de la Crucifixion. Seule ombre au tableau, Timothée n'a pas peur de la vérité, et ses écrits révèlent entre autres que le Christ était obèse et boulimique (plus gros que le Bouddha), que saint Paul aime les beaux jeunes hommes bien montés et qu'il a, entre autre, inventé le rap et les claquettes. Cerise sur le gâteau, Timothée nous explique aussi que pour ressusciter un mort, il est préférable de prendre un vivant et de le peindre en vert : « Là au moins, on est sûr du résultat ». En un mot comme en cent, dans le passé comme dans le futur, c'est le bordel et ça ne fait que commencer !

Enfant terrible des lettres américaines, Gore Vidal est loin d'être un inconnu : on lui doit le scénario de base du sulfureux Caligula de Tinto Brass et un roman, Un Garçon près de la rivière, considéré comme un classique de la littérature anglo-saxonne du XXe siècle. Son En direct du Golgotha, qui fera immanquablement penser au Jésus Vidéo d'Andreas Eschbach, au Deus Ex de Norman Spinrad et au Voici l'homme de Michael Moorcock, est un véritable feu d'artifice. Le texte crépite dans tous les sens, chaque scène est l'occasion de bons mots et de trouvailles souvent hilarantes… comme ce Mossad à l'origine romano-palestinien qui, à un moment ou un autre, a dû pour le moins changer de camp. Sans être un chef-d'œuvre (le scénario manque franchement de rigueur), ce petit livre iconoclaste, blasphématoire et provocateur, a néanmoins de quoi séduire (sauf Mel Gibson, évidemment !). On lui préférera toutefois le diptyque Voici l'Homme / Breakfast in the ruins de Michael Moorcock.

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