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Les critiques de Bifrost

Ciel brûlant de minuit

Ciel brûlant de minuit

Robert SILVERBERG
LIVRE DE POCHE
446pp - 7,60 €

Bifrost n° 49

Critique parue en janvier 2008 dans Bifrost n° 49

Si Robert Silverberg est l’un des meilleurs écrivains de S-F américains, c’est parce qu’il a apporté quelque chose de neuf au genre, un élément qui avant lui était la plupart du temps passé par pertes et profits. La justesse psychologique. La compassion. La vérité. Bref : le personnage.

Ce goût pour le matériau humain s’observe une nouvelle fois dans Ciel brûlant de minuit. Comme toujours lorsqu’il s’agit de S-F, l’idée et le décor sont les premières vedettes du récit : au XXIVe siècle, la Terre s’asphyxie lentement. Le niveau des océans monte et fait reculer les côtes. La pollution atmosphérique, l’agonie de la couche d’ozone contraignent l’humanité à porter respirateurs et écrans solaires injectables par voie cutanée. Quant aux grandes stations spatiales installées en orbite, elles sont depuis longtemps tombées aux mains de dictateurs semi-mafieux. Où est le salut ?

La réponse appartient peut-être à Nick Rhodes, le biologiste hanté par de sombres projets de manipulations génétiques, ou à Paul Carpenter, météorologue contraint de se reconvertir dans la chasse aux icebergs. A moins que Victor Farkas, le mutant aveugle doué d’une étonnante « vision seconde », n’incarne une autre voie. Plus franche, plus radicale aussi.

Tel est le grand mérite de Silverberg. Le décor et l’idée sont là, angoissants à force d’être réalistes. Mais jamais l’auteur ne se montre didactique. Cette Terre du futur, nous la voyons se dessiner peu à peu, à travers l’itinéraire de tous ces personnages. Nous la trouvons vivante parce qu’ils sont vivants. Et tout au bout du voyage, la grâce pure de la S-F finit par apparaître, elle aussi. Au-delà de la prospective catastrophique — effet de serre et prolétarisation assurés — il y a le concept. Le vertige. Que voit réellement Victor Farkas ?

Derrière ce ciel brûlant de minuit… les étoiles !

Serge LEHMAN

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