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Les critiques de Bifrost

Brume de cendres

Brume de cendres

Dominique DOUAY
LES MOUTONS ÉLECTRIQUES
204pp - 14,00 €

Bifrost n° 85

Critique parue en janvier 2017 dans Bifrost n° 85

Toutes les Terres possibles forment la Protée dont la mémoire est conservée précieusement dans le Livre, un astre artificiel confié à la garde de la Sapience, une sorte de clergé interstellaire. Hélas, la mémoire de la Protée est menacée par les Nuées Noires, un Alzheimer implacable effaçant progressivement les différentes versions de la Terre. Pourtant, l’Heptadécagone, un groupe d’humains issus d’une Terre alternative, semble en mesure de contrer le phénomène grâce aux talents conjugués de ses membres. Parmi eux, Bajo se distingue par la faculté de glisser d’une Terre à l’autre pour échapper à l’effacement. Un don utile mais vécu comme une malédiction par le jeune homme.

Second roman inédit de Dominique Douay, ces dernières années, si l’on fait abstraction des remaniements de la réédition de Car les temps changent, Brume de cendres participe au retour de l’auteur sur le devant de la scène science-fictive francophone. Après une longue éclipse et quelques rééditions chez « Hélios », il semble vouloir renouer avec ses amours de jeunesse, un temps délaissés pour ses activités professionnelles.

Si Brume de Cendres relève du même univers que La Fenêtre de Diane, le roman s’avère au final beaucoup plus frustrant. L’argument de départ dévoile en effet des perspectives vertigineuses, du genre à ravir l’amateur de fiction spéculative. Hélas, au lieu d’ouvrir les possibles, l’auteur français s’enferme dans un récit décousu, ne gardant pour seul fil directeur qu’une histoire d’amour aux enjeux bien maigres, à moins de végéter dans l’adolescence. À vrai dire, on a beaucoup de mal à adhérer aux préoccupations de Bajo, dont le périple à travers plusieurs avatars terrestres, tous plus ou moins cauchemardesques, ne parvient guère à susciter l’enthousiasme, à moins d’aimer les pochades. Bien pire, Dominique Douay nous perd définitivement en tentant de rompre la linéarité de l’intrigue par quelques artifices textuels. Ces procédés qu’il expérimente pour casser la narration et introduire une sorte de mise en abyme ne contribuent qu’à aggraver le naufrage d’un court texte dont on s’empresse d’oublier l’existence.

Bref, à l’instar des Nuées Noires qui menacent la Protée, l’ennui grignote petit à petit la patience du lecteur, métamorphosant cette ébauche de roman en pensum interminable. Dommage…

Laurent LELEU

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