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Les critiques de Bifrost

 

Jason Born est du genre de ces types curieux qui passent leur temps a tuer les autres. Nourris au napalm dès leur plus jeune âge, ces mecs sont de toutes les guerres, de tous les combats. Ils parcourent inlassablement le monde un flingue à la main, tirent sur tout ce qui bouge et dans tous les coins, ce qui, généralement, est plutôt salutaire pour leur propre personne parce que sans ça, il est probable que c'est sur eux-mêmes qu'ils tireraient. Jason Born est ainsi, à la différence près que lui, il est mort. Ou plus exactement il était… Mort ? Pulvérisé, même, dans l'explosion d'une grenade qu'il a fait péter peu de temps après avoir assassiné le Président des États-Unis d'Amérique. Que voulez-vous, on ne se refait pas… Sauf que Jason Born, le bien nommé, après être mort, et bien lui il renaît ! Et avec, en guise de corps, une machine ultra perfectionnée (ça vous dit quelque chose ? ah bon…), dans un Los Angeles du futur en ruine, avec pour mentors des types qui ont tous la même bouille et qui parlent pas beaucoup… Mais que se passe-t-il ? (prononcer avec l'accent nippon, svp).

Patrick Eris n'a rien d'un débutant. Il a en effet publié (sous un autre nom et n'insistez pas, on ne vous dira pas lequel !) près d'une dizaine de romans S-F, pour la plupart chez l'éditeur parisien Fleuve Noir. C'est également un traducteur Anglais/Français plus qu'affirmé. Aussi est on en droit de s'interroger sur la relative médiocrité du présent (petit !) bouquin. Un rythme narratif haché, une succession notable de clichés, défauts que ne parviennent pas a faire oublier une écriture très simple mais néanmoins nerveuse ainsi qu'une chute relativement inattendue. Dommage. D'autant que la collection « 4 D » nous avait habitué à mieux. Ce qui soulève une autre interrogation : la légitimité de ce Born Killer, un roman violent post apocalyptique, au sein d'une collection qui tentait jusqu'à lors de se positionner sur le space opera. Voilà qui risque de dérouter bien des lecteurs. Une preuve supplémentaire, s'il en fallait, que faire le choix indubitablement louable et courageux de ne publier que des auteurs francophones, pose des problèmes certains quant à la tenue d'une ligne éditoriale stricte (on en sait quelque chose, à Bifrost). Bref, on ne peut faire mouche à tous les coups. Aussi se rassurera-t-on très probablement à la lecture du prochain titre de la collection, Futur sans Étoiles, la suite des aventures de Delcano par Raymond Milési, dont le premier volet est, on s'en souvient, un véritable petit bijou.

Olivier GIRARD

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